Jean- Antoine Brutus Menier |
Réclame parlée de 1898 gravée sur cylindre Lioret et positionnée au coeur de kiosques musicaux. (Collection Julien Anton) |
Saga
Menier ou l'égrenage des générations et temporalités :
"arrière, arrière, arrière, arrière, arrière", ce son obscur du tombeau
et des temps révolus, qui exprimait cependant un rapport pieusement entretenu
entre le présent, ma propre vie et ses choses profondément ensevelies
[...]. En percevant ce son, il me semblait ressentir le souffle des lieux
qui vous incitent à une certaine démarche déférente et penchée, le chapeau
à la main, sur la pointe des pieds, je croyais aussi entendre le silence
lointain et abrité de ces lieux aux échos sonores, des sensations dévotieuses
se mêlaient au son des syllabes sourdes, aux pensées de la mort et de
l'histoire, et tout cela me semblait, en quelque sorte bienfaisant.
(Thomas Mann : La montagne magique)
Denys
Puech est un sculpteur français né le 3 décembre 1854 à
Gavernac, décédé le 9 décembre 1942. Il apprend le travail du marbre dès
1872 chez François Mahoux, un artiste marbrier. Puech poursuit sa formation
à l'École des Beaux-Arts de Paris. Là-bas il sera l'élève de François
Jouffroy puis d'Alexandre Falguière et d'Henri Chapu. Il va se distinguer
et obtenir de nombreux prix académiques notamment le prix de Rome, il
deviendra le directeur de cette institution (Académie des Beaux-Arts de
la villa Médicis) de 1921 à 1933. Statuaire officiel de La République,
il n'échappa pas en 1913 aux critiques acerbes de la presse et des littérateurs
préférant une sculpture plus inspirée dont le chef de file n'était autre
qu'Auguste Rodin. Uneopposition
artistique qui reprochait à l'Etat : " d'encombrer les places publiques
et les jardins de pesantes masses de pierre ou de bronze " et de faire
appel d'avantage à des "sculptiers" tels que Coutant et Puech et autres
fabricants de l'Institut, travaillant pour "une sorte de magasin de pseudo-statues",
faisant d'eux des "marbriers de la brocante".
Les bustes constitueront la première et principale production de Puech.
On la lui a beaucoup reprochée, comme une œuvre facile, de peu d'effort
et de grand rapport. Les bustes de quelques compatriotes aveyronnais ont
été les premières commandes du jeune sculpteur récemment arrivé à Paris
; ce fut ses premiers gains, pas étonnant que le sculpteur ait continué
dans la voie ainsi ouverte. Ces travaux, de dimensions restreintes, où
la pensée se concentre dans quelques traits ou dans quelques lignes, conviennent
d'ailleurs à sa tournure d'esprit et à son genre de talent. Puech n'a
guère le sens de la sculpture architecturale ; les grandes compositions
effrayent sa nature, il devait donc se complaire dans la perfection de
bustes principalement féminins mais également d'industriels,
de professeurs, de savants, de politiques, 72 bustes en marbre sortiront
de son atelier. M. Denys Puech a été souvent moqué et injurié durant de
longues années par la presse indépendante qui inventa cette perfide opposition
entre Denys Puech et Auguste Rodin. Ce dernier était homme de génie et
d'inspiration, artiste avant d'être homme de métier. Denys Puech restait
un praticien " souple, averti et digne d'intérêt ". Homme d'institut,
jalousé pour ses nombreuses commandes, il performait dans sa spécialité
et considérait, en libéral qu'il était, que chacun pouvait avoir sa place.
En 1922, le statuaire Antoine Bourdelle, élève de Rodin, ambassadeur de
la sculpture moderne, pour ne pas dire de l'art français moderne, fit
le voyage de Rome. C'était son premier contact avec la Cité. Denys Puech
convia l'immense sculpteur à prendre le thé. La rencontre fut des plus
cordiales, l'accueil des plus simples et des plus chaleureux. Les deux
artistes croisèrent leurs souvenirs, car Puech et Bourdelle s'étaient
déjà rencontrés chez Mme Jules Michelet. Antoine Bourdelle qui fut le
soir le confident des uns et des autres, confia l'enchantement réciproque
procuré par cette entrevue.
Le musée
d'Orsay conserve en ses murs quelques
œuvres de l'artistes dignes d'intérêt mais dans un relatif anonymat,
au regard des œuvres d'Auguste Rodin magnifiées.
Gaston menier était un collectionneur invétéré, il offrit en 1904 à Denys
Puech une estampe de
Jean-Marc Nattier représentant la comtesse de Caumartin extraite
de sa collection personnelle, prouvant ainsi son admiration à celui qui
immortalisa ses traits dans le marbre.(Gaston Menier possédait également
le tableau qui fut à son décès mis en vente). Gaston Menier envisageait-il
sa future admission au sein du sénat, s'imaginait-il un destin hors du
commun autorisant son buste à intégrer La galerie des Bustes du sénat?
Denys Puech avait déjà fait pénétrer Jules Ferry dans cette prestigieuse
galerie, sculpteur agréé de la 3ème République, il ouvrait en quelque
sorte le chemin au futur sénateur Gaston Menier; restait à ce dernier
à accomplir son œuvre.
GASTON MENIER POLITICIEN
Gaston
Menier né à Paris le 25 mai 1855, dans le 4e arrondissement,
est décédé en 1934. Il avait 22 ans quand éclata le coup d'état du 16
mai 1877. Son père, Emile Justin, représentait à cette époque l'arrondissement
de Meaux à la chambre des députés et faisait partie de cette majorité
républicaine que le gouvernement Mac-Mahon pensa briser en faisant solennellement
appel au pays. Au temps de la petite enfance de Marcel Proust, "tout
ce qui appartenait à la société conservatrice était mondain, et dans un
salon bien posé on n'eût pas pu recevoir un républicain. Les personnes
qui vivaient dans un tel milieu s'imaginaient que l'impossibilité de jamais
invité un "opportuniste", à plus forte raison un affreux "radical", était
une chose qui durerait toujours"." Chassez-nous " disait alors Gambetta,
" nous sommes 363 mais nous serons 400 quand nous reviendrons ".
Gambetta fut l'hôte d'Emile Justin Menier le 10 octobre, il visita en
détail l'usine de Noisiel, ainsi que la cité ouvrière. Au soir, Gambetta
pris la parole face aux ouvriers réunis pour l'occasion : "Mes
chers amis, j'ai éprouvé aujourd'hui une vive satisfaction en voyant toutes
ces merveilles que renferme l'usine de Noisiel, créées par le travail,
l'énergie, l'intelligence de M. Menier, notre excellent collègue, et entretenues
par votre esprit d'ordre, votre labeur de tous les jours. Je voudrais
que tous nos ennemis politiques pussent jouir, comme nous l'avons fait
aujourd'hui, du spectacle de cette population laborieuse qui devrait servir
de modèle à toutes les agglomérations ouvrières de France. Ils apprécieraient
peut-être enfin toutes les forces vives qui se trouvent dans l'initiative
privée et ils pourraient trouver ici la juste perception des sentiments
qui animent l'immense majorité de la nation et qui lui font désirer si
ardemment de se gouverner elle-même. Ces sentiments, d'ailleurs, vous
en verrez l'éclatante manifestation dans quelques jours. Le 14 octobre,
le suffrage universel, obéissant à un réel instinct de conservation, renverra
à la Chambre, non seulement les 363, mais bien les 400 républicains que
j'ai déjà annoncés à la tribune. Oui, mes amis, vous pouvez le répéter
à tous vos camarades, je maintiens mon dire avec la certitude la plus
absolue que les faits me donneront raison."
La Chambre fut dissoute,
les nouvelles élections eurent lieu et le suffrage universel donnant raison
à Gambetta, envoya 400 députés républicains, dont Emile Justin Menier,
siéger au parlement le 14 octobre 1877. Gaston Menier venait d'achever
son service militaire aux hussards et s'apprêtait à reprendre sa place,
auprès de ses frères, à la tête des établissements paternels ; il se passionna
dès sa vingtième année pour les idées républicaines et involontairement
entra en politique. Gaston Menier fit ses études au lycée Condorcet, les
diplômes en poche il second son père dans la direction des établissements
que ce dernier possède en France, en Angleterre et au Nicaragua, ici comme
ingénieur, là comme commerçant, là-bas comme agronome et collaborateur,
entre temps, aux ouvrages que son père faisait paraitre sur l'agriculture,
les finances et l'économie politique. Membre de la société des ingénieurs
civils depuis 1877, il recherche les progrès à apporter aux voies de communication
: routes, chemins de fer, ponts, rivières et notamment la navigation sur
la marne.
Gaston Menier sortant de son véhicule vers 1933
A partir de 1878 Gaston Menier collabore activement aux nombreuses expositions universelles comme exposant, membre du jury ou membre des comités d'organisation, tant pour l'industrie de l'alimentation que pour l'économie sociale. La croix de chevalier de la légion d'honneur en 1883, celle d'officier en 1891 viennent récompenser sa carrière au service d'une suprématie française face aux nations rivales.C'est en 1882 que commence timidement sa carrière politique, encouragé par sa relation avec Gambetta qu'il invite quelque fois dans sa propriété de Noisiel; Gaston Menier devient alors conseiller puis maire de Lognes en 1892. Les circonstances de 1891, avec le décès de Foucher de Carel, lui ouvre les portes du conseil général du canton de Lagny. Comme conseiller général et nouveau propriétaire du château de Rentilly il se fait remarquer par une grande pugnacité à satisfaire la population de seine et marne dans ses préoccupations quotidiennes, les questions de travail, de logement, de chemin de fer, n'est-il pas le mieux placé en tant que dirigeant de la plus grande chocolaterie du monde, fournissant à elle seule les deux tiers de la consommation française, pour étudier et savoir ce qui serait le plus bénéfique pour les uns et les autres? En 1891 la députation n'est pas à l'ordre du jour, malgré les courriers l'incitant à franchir le pas, Gaston Menier reste inflexible. Dans un courrier de juin 1991, en réponse à une sollicitation émanant de Boutigny, en Seine et marne, il décline toute velléité nationale, il faudra attendre quelques années pour que Gaston Menier franchisse le Rubicon. En 1898 il sera élu député de la 1ère circonscription de l'arrondissement de Meaux face à Mr Derveloy avec 6.635 voix contre 6.406 pour son adversaire; occasion probable de graver dans le marbre son accession à la députation? Gaston Menier s’intéresse à toutes les questions sociales et économiques.Il soutient et fait adopter une loi (1904) instituant une caisse de pensions pour les anciens députés, leurs veuves et leurs orphelins mineurs. Caisse alimentée par une cotisation de 15 francs par mois, prélevée sur l'indemnité des députés et par des dons ou legs. Il fait partie de toutes les grandes commissions et disciple de Waldeck-Rousseau, dont il était l’ami. Il sera réélu en 1902 et 1909, date à laquelle, le 15 janvier, il ne soit élu sénateur. L'accession à la chambre haute, qu'est le Sénat, est à l'origine d'un événement singulier ; en 1909 Gaston Menier est alors membre de l'Alliance républicaine démocratique qui apporte alors son soutien à M. Delpeuch au poste de député de la 1ère circonscription de Meaux resté vacant. Mais Gaston Menier réagit vivement et remet sa la lettre de démission à M. Adolphe Carnot, président de l'Alliance sans omettre d'en préciser les motifs : " tous les républicains de la 1ère circonscription de Meaux et moi-même, avons été surpris de voir la candidature de M. Delpeuch soutenue, dès la première heure, par un organe local notoirement clérical et réactionnaire ". Position laïque mettant fin aux ambiguïtés et qui cantonne de facto le cultuel à la périphérie de Noisiel.
A partir des années 1910, les habits des communiants sont offerts et les deux meilleurs élèves du catéchisme auront une marque visible sur leurs vêtements (rubans ou brassards). A tous, on sert le jour de la communion, une collation dans le parc du Château de Noisiel. Enfin, une messe chantée à 6h00 du matin est incluse aux manifestations des fêtes communales de 1900 et de 1901. Cette promotion restera sans effet, Noisiel s'alignant ici sur les pratiques générales du monde ouvrier. Les habitants de la cité passent devant le curé pour les quatre sacrements : baptême, communion, mariage, enterrement. Henri et Gaston Menier trouvaient en Seine-et-Marne un terrain particulièrement défavorable à tout renouveau religieux. Comme le rappelle Pierre Pierrard, ce département a été l'une des premières campagnes déchristianisées. Il est aussi en 1894 l'un des mieux pourvus avec 13 sociétés de la "libre Pensée", celle de Lagny avait été fondée dans les années 1870 par Girard, franc-maçon notoire et ami d'Emile Justin Menier. Sénateur, Gaston Menier sera également : vice-président de la Commission de l'armée et président du groupe de l'aviation, il présidera l'Ecole Centrale des Arts et Manufactures ainsi que le Conseil d'administration du Conservatoire des Arts et Métiers.
Gaston Menier fut successivement propriétaire de 2 hôtels parisiens : dernier en date, rue de Monceau, et avenue de Ruysdael. Le premier au 61 rue de Monceau, fut construit en 1890 par Charles Garnier pour Abraham de Camondo qui le revendit presque aussitôt à Gaston Menier. Le second, avenue de Ruysdael, est l'oeuvre de l’architecte Jules Pellechet en 1875. C'est dans cet hôtel que Julie Rodier, femme de Gaston Menier depuis 1879 s'éteindra le 5 févier 1892, en couches de son second fils, Jacques, probablement d'une embolie pulmonaire. Julie n'avait alors que 32 ans. Événement qui affecta durablement Gaston (comme celui-ci le coucha dans ses mémoires). C'est au 4 avenue de Ruysdael que Julie Rodier organisait des soirées théâtrales et musicales auxquelles elle participait activement, poussant la chansonnette avec un brin de talent avéré. Gaston Menier avait, pour ces multiples occasions de représentation, électrifié les lieux depuis 1885. Toujours curieux de nouveautés scientifiques, il avait disposé, entre l'office et la table de la salle à manger, une petite voie ferrée sur laquelle circulait un train minuscule, une plate-forme oblongue, sur laquelle pouvaient être placés des assiettes, des plats ou des couverts, soutenue par deux wagonnets. La voie courrait tout le long de la table et la marche du train pouvait aller en avant, en arrière et apporter de l'office les plats et les assiettes. Gaston Menier quitta Ruysdael après 19 ans de bonheur pour emménager au 61 rue de Monceau en cette tragique année 1892. Paul Lozouet Deviendra acquéreur de l'hôtel avenue de Ruysdael, en 1893.
En 1913 Gaston Menier prend le contrôle de la chocolaterie après la mort de son frère aîné Henri dont il hérite de la "nue-propriété" du château de Chenonceau et de l'île d'Anticosti, laissant l'usufruit soit une somme viagère de 360.000 francs. à Thyra Seillière, veuve d'Henri, en application d'un testament laissé par le défunt et daté du 24 août 1913. En ce début de siècle, cette troisième génération possède une fortune colossale qui en fait l'une des dix plus riches de France, Albert Menier, le plus jeune des trois frères décédé en 1899, d'avantage concerné par les courses hippiques que par les activités industrielles, s'octroyait une rente annuelle de 4 millions de francs. De quoi se composait la fortune de M Henri Menier à sa mort ? De ses parts dans la société formée avec son frère Gaston, pour l'exploitation de la chocolaterie de Noisiel, de ses châteaux, villas, chasses et navires de plaisance et du domaine constitué par l'île d'Anticosti. Les salaires des ouvriers de la chocolaterie sont quant à eux, de 22 francs par mois pour les hommes et de 18 francs pour les femmes en 1926.
Mais à Noisiel les innovations d'envergure ont cessé et l'entreprise rentre de plain-pied dans la première guerre mondiale. Gaston Menier et Jean Jaurès auront pourtant participé en vain au comité permanent pour la paix, institué par la conférence franco-allemande de Berne en 1913 ; première conférence des parlementaires français et allemands fermement attachés à la paix. En marge de la conférence de Berne : dans l'après-midi, Jean Jaurès et Gaston Menier se promenèrent de concert. Au cours de cette promenade, Jaurès témoigna pour la Suisse d'une admiration que Gaston Menier ne paraissait pas partager. D'ailleurs Gaston Menier gardait un front soucieux. Soudain prenant le bras de Jaurès il indiqua du doigt un point à l'horizon et gravement, de façon prémonitoire, il dit " Jaurès voilà le danger ". Alors, Jaurès regarda. A l'horizon se dressait une immense affiche qui dessinait une montagne sur un ciel rouge. Aux flancs de la montagne un vacher conduisait son troupeau. Et au-dessous flamboyaient ces mots : " L'avenir appartient au chocolat Suchard ". Car au même moment la concurrence, qui était basée sur un produit identique, à savoir : le chocolat de santé ou à cuire, allait s'internationaliser et s'amplifier par la production de chocolats fins, plus sophistiqués et au lait. Démarche progressive qui rognera sur les marchés de l'entreprise Menier malgré les dépôts de nouvelles marques dès 1924 avec Rialta et Jolta ; 1926 avec Marna ; 1930 avec Malakoff et fondant au lait.
Le mal dont souffrait l'entreprise datait déjà de quelques années ; dès 1904, les publicitaires s'interrogent sur le manque de dynamisme et de renouvèlement de la marque : " Nous posons la question : Supposez le produit le plus connu, dont la réputation semble définitive et complète, le Chocolat Menier, par exemple, dont la publicité se borne à répéter sans cesse : "Chocolat Menier, 50 Tonnes par jour", et dites-nous, étant donné qu'il y a une vente en France pour vingt fois plus de chocolat que n'en vend le Chocolat Menier, si l'on ne vendrait pas de plus grandes quantités de ce produit, s'il faisait des annonces originales, frappantes, variées, au lieu de son sempiternel cliché? La paresse pour cette marque, n'est peut-être pas le facteur de l'inaction, mais c'est alors la routine, et les deux sont, nous le répétons, les conseillers de la défaite et de la ruine." (La Publicité : journal technique des annonceurs)
Ce conflit, qui touche dès lors Noisiel, révèle les qualités patriotiques de la famille Menier. La maison de retraite Claire Menier construite en 1902 sert d'hôpital militaire, ce qui permettra au collège de Meaux, transformé en hôpital auxiliaire, de rouvrir immédiatement. Chenonceau participera à l'effort et abritera jusqu'à 120 lits en 1914. Cette même année, William Thaw, l'un des premiers américains aviateur, offrit ses services comme aviateur à la France quelques jours seulement après le début des hostilités. Son offre ayant été rejetée, il s'engagea dans la Légion Étrangère pour la durée de la guerre. D'autres Américains s'engagèrent dans la Légion Étrangère en août 1914. Dès lors, le souhait de former une seule escadrille regroupant les aviateurs américains en France s'installa dans l'esprit de chacun, cette idée indisposa les autorités militaires françaises qui ne donnèrent aucune suite favorable au projet. Il fallut attendre l'intervention des politiques. Le 8 juillet 1915, un déjeuner chez le Sénateur Gaston Menier réunit le général Hirschauer, nouveau Directeur de l'Aéronautique, M. Léon Bourgeois, le Dr. Gros, le Colonel Bouttiaux, M. de Sillac, et diverses autres personnalités françaises et américaines. Ce déjeuner avait été organisé à l'instigation de M. de Sillac, lequel désirait vaincre les résistances. Après avoir entendu les opinions qui furent exprimées, le général Hirschauer se déclara alors en faveur du projet. L'Escadrille Lafayette vit donc le jour, à Luxeuil-les-Bains avec à sa tête deux officiers français, tous deux pilotes expérimentés, le Capitaine Georges Thenault et le Lieutenant Alfred de Laage de Meux.
L'année 1918 marque la fin de la première guerre mondiale, le début des premiers troubles sociaux et la vente de l'île d'Anticosti pour 6 millions de dollars, en 1926, à trois des plus grosses sociétés de papier du Canada, syndiquées pour l'occasion. Gaston Menier continue de faire face également à la concurrence, il meurt le lundi 5 novembre 1934 au matin, en son hôtel particulier à Paris, rue de Monceau, âgé de 79 ans, un an après son fils Georges laissant la place à Jacques qui déjà affaibli physiquement au cours d'un grave accident durant la guerre va subir les foudres des syndicats et perdre pied au milieu de cette marée rouge. Le choix des urnes est hostile aux Menier. Ils perdront tour à tour leurs mandats municipaux. Pour la première fois en 1921, on assiste à la baisse de la production de chocolat suivie de grèves en février et mai 1926 occasionnant le licenciement de 91 ouvriers grévistes; dès lors l'activité ne fera que décliner malgré l'arrivée d'une nouvelle équipe dirigeante et de cadres ingénieurs issus des grandes écoles prenant la place des techniciens venus du rang et la mise en retraite des plus de 65 ans, clientèle électorale locale ménagée par les Menier pour asseoir leur carrière politique. Ce rajeunissement de l'encadrement permet à l'entreprise d'étendre son activité dans tous les domaines de la bonbonnerie de chocolat.
Mais l'inexorable déclin prend une nouvelle fois en 1937 la forme de licenciements : 146 ouvriers, 73 femmes et 73 hommes, sont gardés, les ouvriers présents à l'usine avant 1931 et les ouvrières avant 1930, ainsi que les pères de famille de 4 enfants et les jeunes gens de moins de 20 ans.
Le " chant du cygne " ou l'éphémère embellie aura lieu en 1939 avec la sortie Du film animée de Walt Disney : " Blanche Neige et les sept nains " et une fabuleuse campagne publicitaire destinée au lancement d'un chocolat supérieur avec : albums, vignettes et récompenses. Cette campagne, dont le coût s'élèvera à plus de 30 millions de francs fit relever la production à hauteur des années 1920. La seconde guerre mondiale sonnera la fin de l'entreprise. Hubert Menier tentera bien de redresser la situation jusqu'en 1950 mais la maladie l'emporte en 1959. Son frère Antoine, co-gérant depuis 1953, assure alors la direction de la firme. La presse parle de 600 millions de Frs de déficits. Les enfants d'Hubert sont trop jeunes pour lui succéder, Jean-Louis n'a que 10 ans et pauline 8 ans et première descendante féminine depuis Claire Menier,cent ans auparavant. Cette guerre de succession opposant les héritiers ne pouvait que fragiliser les intérêts de l'entreprise. Cette méme année 1953, les greniers à fève qu'étaient le Venezuela et le Nicaragua sont sortis de la société Menier et attribués à Antoine et Hubert. Outre l'aspect agricole : cacao, café, bananes et bovins, il y avait une visée spéculative en ce qui concerne San-Emilio ; ces terres auraient pu être vendues à bon prix lors de la percée du canal.
En 1960, Menier doit fusionner avec la société Rozan, la nouvelle direction décide, face à la concurrence du Marché commun de concentrer tous leurs efforts sur l'expansion et l'amélioration de la production pour la porter à l'échelle européenne. Une telle politique, les investissements considérables déjà réalisés, ceux prévus pour une expansion nouvelle nécessitent que tous les moyens soient axés uniquement sur leur réussite. Pareil dynamisme n'est pas compatible avec la gestion d'un lourd ensemble immobilier constitué par un village de 1.200 habitants dont 200 seulement travaillent ou sont retraités de l'usine et dont 1.000 autres sont sans liens personnels avec elle. Aussi bien est-il désirable qu'un village de cette importance puisse se développer librement sous le contrôle des pouvoirs publics de la ville de Noisiel. En 1966 les 200 derniers locataires devront quitter les lieux, ne pouvant racheter leur maison.
Un an après , Antoine meurt sans postérité à Paris le 12 août 1967 à l'âge de 62 ans. Le testament d'Antoine léguait le château de Chenonceau à la " Demeure historique " au 57 quai de la Tournelle à Paris. Après un procès, ce lègue fut annulé et le château revint à la veuve d'Antoine qui le revendit à Odette Gazay, veuve d'Hubert Menier. Antoine aura été le dernier des Menier à diriger l'entreprise Menier. L'année 1973 marque la naissance d'une ville nouvelle (Marne la Vallée) conçue pour rééquilibrer l'Est parisien. Longtemps oublié des promoteurs et des créateurs d'emplois, la ville nouvelle est installée entre la Marne et 3 forêts : Armainvilliers, Ferrières et Crécy. Elle inclut dans son périmètre des centres importants d'urbanisme tels que Neuilly-sur-Marne, Noisy-le-Grand, Noisiel, Croissy-Beaubourg, Torcy. La Mission d'Aménagement, créée le 29 mai 1969 s'installera à Noisiel le 1er juillet 1970 sous les ordres de son directeur M. Carie. L'autoroute A-4 verra le jour en 1976 suivi de près par le RER ligne A en 1977.
JACQUES MENIER
Jacques Menier est né à Paris en 1892 de triste manière car occasionnant la disparition de sa mère, Julie Rodier. Il part au service militaire en 1913, pilote de guerre en 1914, blessé grièvement le 20 aout 1917, il est fait prisonnier, interné en suisse en 1918 et rapatrié en France en octobre 1918, Réformé en 1919. De cette tragique aventure, il obtiendra, de par son héroïsme et le sacrifice de sa santé, la médaille militaire, la croix de-guerre ainsi que la Légion d'honneur le 11 février 1927 des mains du Général Henri Gouraud aux Invalides. Il se marie le samedi 3 juin 1922 dans la plus stricte intimité en l'église de l'Association à Passy, avec Suzanne Lavalley, petite-fille de l'ingénieur qui dirigea les travaux de percement de l'isthme de Suez. Les témoins furent, pour le marié : Georges Menier et Louis Gérard, pour la mariée M. Castaignet et le capitaine Jacques Ponsignon. Le mariage civil eu lieu à Noisiel avec comme témoin, pour Jacques, le plus ancien ouvrier des usines Menier. Une réception eu lieu en fin de journée en l'hôtel de Gaston Menier au 61 rue de Monceau. Suzanne Lavalley fit un premier mariage, le 25 septembre 1912 à Reux avec Jean Broudehoux, lieutenant au 5e Dragons qui succomba quelques temps après, en 1913, à Compiègne, d'un accident de cheval. A la mort de son père Gaston Menier en 1934, il prend la direction des établissements Menier avec ses neveux Antoine et Hubert. La tradition familiale perdure et Jacques deviendra, à la place de son père, maire de Noisiel en décembre de la même année. Jacques habitera Rentilly d'où il gérera dans la douleur les affaires courantes. Les années à venir vont plonger l'entreprise dans un profond marasme : baisse de la consommation, concurrence étrangère, grèves à l'usine et situation de stress mondial. En 1940 l'usine est occupée par les troupes allemandes. En 1946 nouvelle réduction du capital, ventes d'immeubles et abandon des investissements aux Nicaragua virant au fiasco, en 1948 la société Menier est transformée en SARL, décès de Jacques en 1953, en 1957 introduction de la société Chocolat Lombart dans le capital de la société, en 1959 disparition d'Hubert Menier. Antoine reste alors le dernier des Menier à diriger la société.
ANTOINE MENIER
Juillet 1926, de gauche
à droite: Antoine, Gaston et Claude Menier
Antoine
Menier est né le 13 octobre 1904, comme tous les enfants de la haute bourgeoisie
parisienne, il eut une nourrice venue
du Morvan qui lui donna le sein pendant 18 mois, pratique encore courante
en ce début de siècle pour le bas peuple voulant assurer un minimum de
revenu familial. Madame Thibaut demeurait au lieu-dit " La croix Maurienne
", Antoine, après la guerre de 1914, aimait lui rendre visite et à séjourner
à l'auberge " Ensoleillée ", et c'est là, par attachement au Morvan qu'il
acheta le château de Ruère.
Antoine Menier fit ses études, comme son grand père Gaston, au lycée Condorcet.
Alors que son frère Hubert jouait au polo à Bagatelle, Antoine passionné
d'automobiles se lança dans la compétition et établit 11 records du monde
sur Alfa Roméo.
A ces spectacles mondains, toute la jeunesse dorée était présente : jolies
femmes, banquiers, industriels ; Renée Vigne, la plus jolie et la plus
distinguée fut immédiatement remarquée par Antoine lors d'un cocktail.
Paul Ponant, beau-frère de Renée, est doué pour les chiffres et les statistiques,
il est recommandé par Gaston Menier aux maisons d'assurance : " Les Compagnies
du Soleil " qui se trouvait au 44 rue de Châteaudun, non loin du 56, siège
social de la maison Menier; pour quelle raison pareille ascension sociale
? L'histoire ne le dit pas ; cette promiscuité et un goût partagé pour
l'automobile devaient rapprocher les deux jeunes hommes.
Renée Vigne n'acquit en 1902 d'une fille mère, Georgette Petithomme, couturière,
et Jean-Baptiste Vigne, cheminot, qui lui donnera son nom. Mère et fille
ainée jouent de l'aiguille pour les salons de haute couture, Renée attire
l'attention de Maggy Rouff la créatrice de mode qui propulse la jeune
fille mannequin pour son premier défilé, et dès lors, mannequin vedette
pour le tout Paris. Le coup de foudre est immédiat entre Renée et Antoine,
un ravissant studio parisien abritera désormais leur amour naissant au
grand dam de Simonne Menier pour qui la différence de classe sociale n'était
pas à négliger.Elle consentira au mariage de son fils à une roturière,
tardivement en 1961. Renée, décédée en 1981, et Antoine, n'eurent pas
d'enfant, ils épanchèrent leur affection sur Jacques, fils de Paul Ponant
et Marcelle Vigne, sœur cadette de Renée. Jacques Ponant est le filleul
de Renée Vigne, son légataire universel et neveu d'Antoine. (Mémoire
de Jacques Ponant)
ANTOINE MENIER PAR ANDRÉ BEAUGUITTE
Parmi
les visages sympathiques qui ont marqué ma jeunesse de leur empreinte
et ont continué par la suite à illuminer mon existence de leur rayonnement
au cours de fréquences rencontres, se détache celui d'Antoine menier de
la lignée des chocolatiers. Nous nous sommes connus peu après la fin de
la guerre de 1914 1918 à Paris sur les bancs du lycée Condorcet où nous
faisions tous les deux notre philosophie. Nous suivions avec un intérêt
fervent le cours de l'éminant professeur
Lachelier qui marchait sur les traces de son illustre père et nous captivait
littéralement.
Antoine menier et moi décrochâmes notre baccalauréat de philosophie en
fin d'année scolaire et quittâmes crânement le lycée Condorcet pour accomplir
chacun notre destin, celui d'Antoine était tout trouvé. Après ses inscriptions
à la faculté et l'accomplissement de son service militaire, un fauteuil
de choix l'attendait rue de Châteaudun. Il s'installa au siège social
de la fabrique de chocolat, sans pour autant, abandonner ce qui le séduisait.
Sensible et émotif, il était poète à ses heures et se plaisait à contempler
les bois et les champs. Modeste et simple, il s'éloignait de la splendeur
du domaine qu'il avait hérité de son père : le château de Chenonceau.
Cette demeure historique ne l'attirait pas outre mesure il préférait passer
ses dimanches dans une modeste maison de campagne en Seine-et-Marne, et
il abandonnait volontiers la visite de la résidence royale aux touristes
férus de notre glorieux Passé.
Antoine menier participait aux chasses organisées par son oncle Jacques
menier dans les forêts d'Ardennes. Les serfs, les biches, les chevreuils
y étaient si abondants que les invités, au nombre desquels je me trouvais
parfois, ne devaient tirer qu'à balles. Jacques menier, grand seigneur
dans l'âme, était entouré d'une véritable cours, hommes et femmes, pour
qu'il faisait réserver tout un wagon de première classe à la gare de l'Est.
Derrière les chiens qui jappaient, les cors et les rabatteurs en blouse
blanche, nous partions jusqu'aux layons. Jacques menier arrivait toujours
à la dernière minute, pilotant un tank qu'il avait fait spécialement équiper
pour lui et écrasant ou arrachant tout sur son passage, monticule de terre,
tas de cailloux, arbres. Antoine
Menier et moi nous nous placions habituellement l'un près de l'autre.
Que deux fois , ai-je vu mon camarade viser une biche inoffensive qui
sautillait devant nous, puis baisser son fusil sans tirer et dire : "
pourquoi tuer de si gentils animaux ? "
Antoine menier portait
toujours en sautoir une vis attachée à une ganse noire. Il était radiesthésiste
et cette vis lui servait de pendule. Il me racontait qu'il avait décelé
grâce à elle, l'emplacement du corps d'un noyer entraîné par le courant
d'une rivière et qu'on ne parvenait pas à retrouver.
La déclaration de guerre de 1939 nous séparera, Antoine et moi. Nous nous
retrouvâmes par hasard un jour à Meaux. Il était affecté en qualité de
lieutenant. Moi-même, lieutenant au secrétariat général du conseil supérieur
de la Défense nationale, j'avais fréquemment à me rendre au château de
Mondon, près de La Ferté-sous-Jouarre, ou stationnait l'Etat-Major du
général Georges. C'est ainsi que je traversais Meaux où, un après-midi,
je reconnu Antoine menier pris à partie par un commandant, un officier
d'administration paraît-il, qu'il avait omis de saluer. " Qu'est-ce que
vous faites dans le civil?" Avait questionné le commandant "."
Je suis dans le chocolat "." Ah oui, encore un fainéant " Antoine
racontait l'anecdote avec un sourire amusé. Ce soir là je le ramenais
à dîner à notre propriété, près de la Ferté-sous-Jouarre où se trouvait
ma femme. Antoine ne put voir que l'intérieur de la maison car il faisait
nuit à notre arrivée et il devait rentrer pour minuit à son cantonnement.
Il voulut cependant parcourir le parc dans les ténèbres, entendre le bruissement
du vent dans les arbres et regarder la sombre silhouette des sapins à
la lueur de la lune.
Même pendant ces heures inquiétantes des hostilités, la poésie continuait
à habiter son âme. Aussitôt après la guerre, Antoine pris la tête des
usines de chocolat que la famille Menier dirigeait de père en fils depuis
si longtemps.
LE CRÉPUSCULE DES LIEUX
Les 3 associés que sont Jacques, Antoine et Hubert Menier de la Société en Nom Collectif “MENIER” au capital de 210 millions de francs décident à l’unanimité du changement de statut de leur entreprise. La S-A-R-L “CHOCOLAT-MENIER” voit donc le jour le 22 décembre 1948, régit par la loi du 8 mars 1925. Le précédant statut datait du 12 juillet 1879 suivant la volonté d’Emile Justin Menier père, unique gérant, désireux de pérenniser son entreprise au travers de ses 3 fils Henri, Gaston et Albert. Engagement de 30 années signé devant Maitre Duplan, notaire à Paris et qui, par prolongations successives, devait expirer en juin 2036, le dernier acte datant du 27 juin 1939, signé chez Maitre Henri Jourdain. La société a pour objet principal la fabrication et la vente du chocolat et de sa confiserie mais également tout ce qui se rattache à cette industrie directement ou indirectement. Le siège social reste inchangé au n° 56 de la rue de Châteaudun à Paris, le capital est toujours de 210 millions de francs divisé en 2 100 parts sociales de 1 000 francs appartenant par tiers à chacun des associés.
En juin 1949, nouvelle assemblée ; Antoine Menier en rappelle le sujet : fixer la rémunération des gérants. Après un échange de vue entre les membres de l’assemblée, personne ne demandant plus la parole, Antoine met aux voix la résolution suivante : “L’assemblée générale, après avoir délibéré, décide que seul Antoine et Hubert Menier percevront un traitement en qualité de gérant, à l’exclusion de Jacques Menier qui déclare renoncer à être appointé en qualité de gérant. Que le traitement d’Antoine et Hubert Menier est fixé pour chacun d’eux à compter du 1er janvier 1949 à 300 mille Francs par mois.” Novembre 1949, acte établi devant notaire, Maitre Henri Jourdain : augmentation du capital qui s’élève désormais à 600 millions de Francs divisés en 6 mille parts d’une valeur du 100 mille Francs chacune et distribuées part tiers à chacun des associés, soit 2 000 parts. Décembre 1949, nouvelle assemblée en vue de statuer sur l’opportunité de la distribution d’un acompte de dividende sur les bénéfices de l’exercice social s’étendant du 1er juillet 1948 au 30 juin 1949. A cet égard, il communique à l’assemblée un bilan arrêté qui fait ressortir des bénéfices substantiels et une situation de trésorerie favorable. Hubert Menier propose donc de mettre immédiatement en distribution, un acompte de 150 millions de Francs qui sera à partager entre associés proportionnellement à leur nombre de parts et à leur fonction de gérant pour Hubert et Antoine. La chocolaterie retrouve son niveau d’affaires de 1920, mais les dommages de la guerre et un endettement excessif handicape l’entreprise. Dans ce contexte stationnaire, CHOCOLAT-MENIER reste leader mais ce classement est trompeur, les exportations ne représentent que 2% de la production totale, le matériel est obsolète et la rentabilité est trop faible pour un autofinancement.
En novembre 1950, Jacques Menier cède 500 parts à Hubert moyennant la somme de 50 millions de Francs convertie en rente viagère annuelle de 4 millions de Francs indexés sur l’inflation. 1950 est encore une année bénéficiaire, 178 millions donc 21 pour les associés. Les 44 millions de Francs de bénéfice de l’exercice 1951 ne permettent pas de faire face aux obligations fiscales. Hubert Menier propose de prélever les sommes nécessaires sur la “réserve taxée” soit 80 millions de Francs, les associés se contentant de 14 millions à partager. Les résultats de 1952 enregistrent une perte de 192 millions de Francs, aucune distribution de dividendes n’est à l’ordre du jour. 1953 se solde par un bénéfice de 80 millions de Francs. Hubert fait observer que ce bénéfice n’est susceptible que d’amortir partiellement le déficit de l’exercice précédent mais que la société se doit de mettre à disposition des associés les sommes nécessaires pour acquitter l’impôt des personnes physiques dont ils sont redevables.En septembre de la même année, Antoine et Hubert restent seuls membres de la société après la mort de Jacques Menier, Hubert sollicite une assemblée générale pour consentir une délégation de pouvoir en raison de son état de santé. Les pouvoirs attachés à sa fonction seront donc attribués à sa femme, Odette Gazay. Tous les actes qu’elle sera amenée à faire en vertu de sa délégation auront lieu sous la responsabilité d’Hubert Menier. Ce dernier délègue à sa femme les pouvoirs nécessaires pour le représenter en sa qualité de co-gérant de la société CHOCOLAT-MENIER et valider toutes les délibérations et décisions collectives qu’il serait utile de prendre.
En mars 1954, nouvelle augmentation du capital par un apport en nature d’une valeur de 61 millions de Francs ce qui correspond, sur la commune de Noisiel, à un groupe de constructions à usage de logements pour ouvriers comprenant 20 logements et une construction située au lieudit “Le Buisson”, à usage de logements pour retraités comprenant 10 logements. En juin 1954, les bénéfices de l’entreprise s’élèvent à 113 millions pour 63 millions à répartir entre les associés. Une modification des statuts s’opère ; la société pourra désormais être administrée et gérée par des personnes autres que les associés, mais dans le même temps les Menier assurent leurs arrières en conservant les parts d’un des leurs en cas de décès. En cas de décès d’Antoine et Hubert, les parts revenant alors à Odette Gazay.
En 1955, nouveau déficit de 375 millions de Francs ; pas de compensation par les réserves constituées, les dividendes ne seront pas partagés. En 1956, 32 millions de pertes, les Menier décident d’emprunter auprès du Crédit Notarial 250 millions au titre d’un emprunt d’équipement à moyen terme. Il devient urgeant de procéder à des investissements tant pour rénover le matériel de production que pour accroitre le potentiel de l’usine de Noisiel. François Tavernier, Directeur Général de la société CHOCOLAT-MENIER est mandaté pour présenter la demande d’emprunt.
En 1957, Le montant de la rémunération mensuelle et de l’indemnité forfaitaire allouée à chacun des gérants ne leur permet plus de faire face à leurs obligations personnelles, la rémunération mensuelle passe donc de 500 mille Francs à 100 mille Francs et l’indemnité forfaitaire de 200 mille Francs à 300 mille Francs, décision qui précède l’augmentation du capital de la société CHOCOLAT-MENIER par l’apport d’actifs appartenant à la société du CHOCOLAT-LOMBART - Acte signé par François Tavernier, Directeur Général de la société CHOCOLAT-MENIER et Georges Faure, Président de la société du CHOCOLAT-LOMBART -. 881 mille Francs sont injectés dans le capital qui se monte à 662 millions de Francs. Six nouveaux actionnaires entrent dans le capital CHOCOLAT-MENIER. CHOCOLAT-LOMBART apporte également une propriété, avenue de Choisy, à usage industriel, comprenant immeubles et divers bâtiments désaffectés. L’ensemble de ces opérations permettra de dégager un bénéfice de 117 millions de Francs. Les comptes arrêtés de 1958 révèlent une perte de 389 millions de Francs. Les associés décident de renoncer définitivement à toute attribution d’intérêts sur leurs comptes courants aux titres des exercices 1958, 1959, 1960.
En 1959, Odette Gazay devient avec Antoine les seuls gérants de l’entreprise après la mort d'Hubert Menier. Nos 2 gérants habitent sur Paris : n°8 rue Monsieur pour Antoine et Cours Albert 1er au n° 26 pour Odette. Odette agit également au sein de l’entreprise, au nom de ses enfants mineurs, que sont Pauline et Jean-Louis. En cette année troublée, nos 2 gérants historiques décident de démissionner de leur fonction. Représentés par leur mandataire Michel Tartrat au conseil de gérance, la collectivité des associés prend acte et nomme ce 10 octobre René Lange, seul gérant de la société. Ce dernier n’occupera que brièvement sa fonction car remplacé en décembre de la même année par Pierre Hecker demeurant à Paris.
Le 9 avril 1960 sonne
le glas des espérances, l’Assemblée Générale approuve le bilan et les
comptes de l’exercice 1959 qui se solde par des pertes à plus de 900 millions
de Francs qui, cumulées avec l’exercice 1958, dépasse le milliard de Francs.
Des mesures de redressement sont prises, le capital est porté à 7 millions
de nouveaux Francs et la société CHOCOLAT-MENIER change de statut
pour devenir Société Anonyme. Le 18 mai 1960, dans le cadre de la fusion
d’intérêts avec l’entreprise CHOCOLAT-ROZAN, les dettes que l’usine de
Londres génère soient 280 mille nouveaux Francs sont épurées. Là s’arrête
la Saga Menier, l’entreprise familiale bascule dans l’anonymat, les membres
de la famille Menier quitte Noisiel, Antoine abandonne son mandat de maire.
Les enfants d’Hubert et d’Odette, Jean-Louis et Pauline quitte Noisiel
pour le Loir-et-Cher, à Mer, non loin du Château familial de Chenonceau.
( Source : Saga-Menier, comptes rendus des assemblées générales de la
S-A-R-L CHOCOLAT-MENIER)
ALBERT EHRMANN
Albert Ehrmann détenteur
du diplôme d'ingénieur agronome obtenu en 1913 est nommé régisseur du
domaine de Noisiel en 1930 et plus particulièrement de la Ferme du Buisson.
Il remplace Mr Valdder retrouvé pendu le 26 mai de la même année sous
le kiosque de son jardin.
Collection Saga-Menier
La
société menier comprenait l'usine et le domaine, le domaine était considérable,
il s’étendait sur une superficie de 1500 hectares allant de l’usine, au
nord sur la marne et au sud, boisée ou en culture qui s'étendait jusqu'à
la voie ferrée Paris Belfort. La partie la plus importante du domaine,
était constituée par trois fermes : la ferme du Buisson, la ferme de Lognes
et la ferme d'Emerainville.
La construction de la ferme du buisson, engagée au début des années 1885,
constitue le point d'orgue d'une décennie marquée par la restructuration
du domaine dont les Menier s'étaient rendus propriétaires. Le souci de
gérer de façon cohérente un ensemble regroupant les terres de cinq exploitations
conduit à la mise en place d'un dispositif dans lequel la ferme du buisson
est l'élément prédominant. Ce choix se traduit par la mise en œuvre d'un
programme architectural dont la réalisation s’échelonne de 1880 à 1888.
Celle-ci commence avec la construction par Louis Logre d'un vaste bâtiment
à deux niveaux dit "la grange étable" qui occupe le milieu de la cour.
L'édification des bâtiments encadrant la cour centrale intervient dans
les années suivantes mais le projet qui prévoyait deux granges symétriques
à l'Est et à l'Ouest n'est pas mené à son terme.
La réalisation de l'ensemble s'achève entre 1884 et 1888. En 1889, la
ferme est électrifiée et équipée du téléphone. Elle est dotée des machines
les plus perfectionnées et les espèces sélectionnées par le laboratoire
de l'usine ou acquises auprès des meilleurs élevages, permettent d'obtenir
de très hauts rendements.
La réputation d'intense innovation qu'acquiert l'établissement de Noisiel
lui vaut d'accueillir deux concours de machines agricoles de l'exposition
de 1889 et d'être à cette occasion, visité par le président Sadi Carnot.
Suite à la vente des biens de la famille Menier en 1968, l'Etat rachète
la ferme du buisson pour en faire un Centre d'art et de culture qui a
ouvert ses portes en 1990. 8 km de voies ferrées reliaient les fermes
à la gare de d'Emerainville où un employé s’séjournait à l’année. La voie
ferrée traversait la plaine et les bois pour pénétrer dans les fermes
ou terminer sa course dans les différents bâtiments de la chocolaterie.
LE MÉMORIAL DE LA POINTE DE GRAVE
Brochure éditée
par le Comité pour l'érection du monument
Le 4 juillet 1919, à l'occasion de la fête, de l'indépendance des Etats-Unis, Maurice Damour, député des Landes et futur président du comité, proposa de commémorer par un monument grandiose l'intervention américaine dans la guerre. L'idée fit son chemin et un projet monumental fut choisi pour voir le jour sur la côte de l'Atlantique, à la pointe de Grave, " face à la statue de la Liberté éclairant le monde qui domine la rade de New-York ".
Le monument se dressera sur le rivage qui vit partir, en 1777, La Fayette et ses compagnons d'armes et où débarquèrent en 1917 les armées américaines. L'exécution du mémorial fut confiée au maître statuaire Bartholomé. La Chambre des députés, s'associant à la réalisation de l'entreprise, vota, pour la participation de l'Etat, un crédit d'un million de francs. Plus de mille municipalités envoyèrent leur contribution ; le montant souscrit dépassa 400,000 francs ; mais il convenait que tous les Français puissent apporter leur pierre, grande ou petite, au monument qui devait témoigner de " l'indissoluble amitié de notre pays pour la démocratie américaine ". Une souscription nationale s'ouvrit dans ce but. Léon Bérard, ministre de l'instruction publique, autorisa le comité à faire appel à la jeunesse des écoles, lycées et collèges de France. Les souscriptions furent envoyées à Gaston Menier, sénateur, trésorier du comité d'organisation, au 56, rue de Châteaudun, Paris. Le comité formé pour l'érection du monument édita une brochure, " De La Fayette au Président Wilson ", qui fut distribué aux donateurs dès le mois de Juin ; Gaston menier en était le signataire. La première page reprendre tous les noms du comité et les huit autres relatent l'émergence de la démocratie américaine et sa contribution décisive dans le premier conflit mondial.
Quelques jours avant la pose de la première pierre, Le Président de la République, Raymond Poincaré, reçu : M. Maurice Damour, député, " président du Comité du monument commémoratif de l'intervention américaine " et. M. Gaston Menier, sénateur, trésorier du Comité, accompagnés du préfet de la Gironde, d'élus du département et du Président de la Chambre de commerce de Bordeaux. Cette délégation avait pour mission d'inviter le chef de l'Etat à participer à la pose de la première pierre du monument, le Président de la République accepta de se rendre à la Pointe de la Grave. Le Sénat décida également de se faire représenter par une délégation de dix membres. Le 6 septembre 1919, jour anniversaire de la naissance de La Fayette, le président de la République, entouré de l'ambassadeur des Etats-Unis, du chef de la délégation américaine à la conférence de la paix, de délégations de la Chambre des députés et du Sénat et de contingents de l'armée et de la marine américaines et françaises scella la première pierre de l'édifice. Le monument commémoratif sera inauguré le 4 septembre 1938, en présence de M. Georges Bonnet, ministre des Affaires étrangères, et de M. William Bullitt, ambassadeur des Etats-Unis.
LE CONSERVATOIRE NATIONAL DES ARTS ET METIERS
Le Conservatoire national des arts et métiers fête le 21 mai 1931 le centenaire de l'abbé Grégoire, son fondateur. M. Paul Painlevé, président depuis 1908 du conseil d'administration de l'établissement d'instruction scientifique et technique, en fait l'éloge en ces termes : "L'homme, qui entama une guerre sans merci contre l'ignorance et l'esclavage, mérite la reconnaissance de l'humanité pour les activités qu'il a suscitées dans différents domaines et l'exemple qu'il a donné de son amour de la justice et des travailleurs." M. Painlevé y discerne un précurseur de l'école unique, que la politique a quelque peu défigurée, et de l'enseignement agricole, qui est encore à l'ordre du jour. Avant lui, Gaston Menier, vice-président du Conseil d'administration depuis 1919, président du Conseil de perfectionnement et en même temps président de la Société des Amis du Conservatoire national des Arts et Métiers, avaient rappelé comment l'abbé Grégoire avait réalisé le groupement des collections de l'ancienne Académie des sciences, de l'hôtel d'Aiguillon, de Vaucanson (qui fut le premier initiateur de l'institution) dans les bâtiments de l'ancien prieuré de Saint Martin des-Champs, où est encore le Conservatoire des arts et métiers. Puis M. Painlevé, ancien président du Conseil, inaugura le buste de l'abbé installé depuis deux jours dans l'une des salles du musée attenant au Conservatoire. Pendant la cérémonie, des chœurs interprétèrent divers chants.
quadricycle Peugeot
de 1893
Durant près de 20 ans de présidence du Conseil de perfectionnement du Conservatoire Gaston Menier participa activement à son développement et à sa modernisation, il mit au point un programme en vue d'assurer la rationalisation des méthodes de travail dans les différentes sections du laboratoire d'essais : physique, chimie, métaux, matériaux et machines. Il introduisit Ie cinéma pour les cours et les recherches, la prise de vues au ralenti permettant, en particulier, de reconstituer les mouvements les plus secrets de la nature.Le Conservatoire comptait alors 8.000 auditeurs auxquels il fallait assurer place et confort. Le problème était difficile ; enserrés de tous côtés, l'établissement ne pouvait s'agrandir en hauteur à cause des servitudes historiques, c'est donc sous terre que la solution fut trouvée : le 6 octobre 1933, une délégation présidée par M. Gaston Menier s'était rendue à l'Elysée pour demander à M. Albert Lebrun, Président de la République, de bien vouloir présider l'inauguration des trois nouveaux amphithéâtres creusés sous la Cour d'Honneur, ces amphithéâtres, creusés profondément dans le sol, assuraient les meilleures conditions d'hygiène, de confort et d'acoustique. Gaston Menier entretenait un lien affectif avec le Conservatoire, ingénieur de formation et passionné d'automobile, il fut parmi les premiers clients de l'automobile, il commanda une Serpollet, première voiture à vapeur à quatre places que l'on découvrit lors de l'exposition universelle de 1889. Voiture à vapeur qui nécessitait une chaudière, située à l'arrière et chauffée au coke. Pour accéder à sa mécanique Gaston Menier devait faire basculer toute la carrosserie, ce qui devait mettre ses passagers à contribution. Plus tard, il fit don à l'institution d'un quadricycle Peugeot de 1893, première voiture automobile, munie d'un moteur Daimler.
L'AVIATION ET LA GUERRE
Conférence faite le 3 mars 1918 au Conservatoire National des Arts et Métiers PAR M. Gaston MENIER Sénateur
Gaston
Menier, sénateur, vice-président de la Commission de l'armée, Président
de la Commission de l'Aéronautique en 1917 est un fervent partisan de
la 5ème arme, comme on aime à qualifier l'aviation dans sa première exploitation
durant la première guerre mondiale. Gaston Menier était conscient des
réticences au changement qui privilégiait encore " L'école du plus lourd
que l'air sur l'école du plus léger que l'air ". Mais pendant ce temps
était née l'automobile, qui avait dû son rapide développement au moteur
à gazoline. Grâce à l'automobile et au perfectionnement continu de son
moteur, qui devenait sans cesse plus puissant, plus sûr en même temps
que léger, on devinait déjà, la clef de la conquête de l'air. Actif et
déterminé, il présida une conférence au Grand amphithéâtre de la Sorbonne
en 1917 sur " L'Effort de l'aviation et de nos aviateurs ". Il anima la
conférence du 3 mars 1918 au Conservatoire National des Arts et Métiers
sur " L'aviation et la guerre " ou il magnifia l'œuvre des constructeurs,
l'effort des dirigeants de l'aviation et l'héroïsme des aviateurs. Gaston
Menier venait de subir dans sa chair, la disparition de son fils, Jacques
Menier aviateur, dans un premier temps disparu mais qui fut retrouvé,
gravement blessé mais captif ; il inséra dans son exposé ces quelques
phrases empreintes de solennité et de délicatesse :
" Et quel héroïsme admirable pour ce pilote qui, se sentant voué à
une mort certaine, essaie, en se précipitant vers le groupe ennemi, d'accomplir
un suprême exploit " en vendant sa peau le plus cher possible ", comme
me l'écrivait un pilote qui m'est cher, et, grièvement brûlé, paie son
sacrifice d'une dure captivité dans un hôpital allemand " !
On pouvait ainsi se remémorer la tragédie que vécu quelque temps plus
tôt son fils :
" Menier Jacques sergent de réserve, matricule 572 au 3ème groupe d'aviation,
revenu souvent avec un avion criblé de balles et d'éclats. Le 20 août
1917, après une lutte très dure, rentré au terrain avec un avion endommagé
par les bailes, est parti sur un autre appareil et a livré aussitôt un
nouveau combat au cours duquel il fut aux prises avec 6 appareils ennemis.
A mis hors de combat deux de ses adversaires, tandis que lui-même, blessé
à la nuque, gravement brûlé, tombait dans les lignes allemandes après
avoir épuisé toutes ses munitions et combattu jusqu'au bout. Est rentré
en France en octobre 1918 encore défiguré et non guéri de ses blessures
".
La conférence de 2h30min se termina en ces termes:
"S'il est moins brillant dans ses évolutions que l'avion de chasse,
il n'en a pas moins un rôle glorieux à remplir, comme nous l'avons vu
ci-dessus. De tous côtés nous donnons nos soins à une intense production
d'avions. Nos alliés anglais font également un effort considérable en
ce sens, et bientôt les Américains, dont les pilotes volontaires avaient
déjà formé la fameuse escadrille Lafayette, vont nous apporter leur contribution
d'une énorme production de moteurs et d'avions. Il en faut beaucoup, comme
vous le savez, car la vie de l'avion est brève ; quelques dizaines d'heures
en moyenne. C'est une libellule qui vit et qui meurt dans l'éther. Mais
cette existence éphémère n'aura pas compromis l'avenir de l'aviation tel
que nous pouvons dès maintenant l'entrevoir pour l'après-guerre. L'avion
reprendra son rôle utilitaire, d'autant plus important que la guerre aura
fait accomplir à l'aviation, dans les plus difficiles conditions, les
progrès les plus rapides et les plus merveilleux. En attendant, n'en doutons
pas, l'avion nous apportera la victoire, et la plus belle invention sortie
du cerveau de l'homme aura ainsi servi la juste cause du Droit et de la
Liberté".
GASTON MENIER COLLECTIONNEUR
Gaston
Menier était un collectionneur d'art des plus réputés, héritage culturel
que sa mère, collectionneuse également, lui insuffla; Gaston avait réuni
dans son hôtel de Paris Monceau, dans ses châteaux de Chenonceau et de
Noisiel de précieux trésors. Ses tendances le portaient de préférence
vers les grands siècles de l'art français. Tableaux, dessins, gravures,
faïences hispano-mauresques, porcelaines de Sèvres, objets de vitrine,
bronzes, sièges, meubles et 27 tapisseries composaient sa superbe collection,
qui allait subir le sort de beaucoup d'autres et passer en vente publique.
Lors de la dispersion de la première partie de sa collection, le 24 novembre
1936 à la galerie Charpentier, tableaux, objets d'art, meubles anciens
ont atteint de très hauts prix : un portrait par Nattier de grande taille
représentant Madame de Laporte, née
Caumartin, en nymphe chasseresse, un fil de perle retenant sa
tunique ouverte sur une gorge charmante ; elle tient l'arc de la main
gauche et tire une flèche du carquois posé auprès d'elle: adjugé 887.375
francs et un buste par Houdon de Jean de La Fontaine
acquis par Gaston Menier à la vente du château de Valençay
en 1899 qui trouva preneur pour 1.064.850 francs. Une première
vente qui rapporta 4.223.700 francs.
Une deuxième vente fut nécessaire et annoncée pour les 7 et 8 décembre 1936, à l'Hôtel Drouot, cette fois-ci, bien que les vacations prévues ne soient pas de l'importance de celles de novembre, nombre de pièces de cette deuxième vente furent dignes d'intéresser les amateurs les plus difficiles. De très belles gravures en noir et en couleur des écoles française et anglaise des XVIIIe et XIXe siècles, des tableaux anciens, etc. Les meubles et objets d'art étaient d'excellente qualité et comprenaient des faïences et porcelaines françaises et étrangères, des sculptures anciennes en marbre et en bois, des bronzes d'art et d'ameublement, des sièges de la Régence à la fin du XVIIIe siècle et de beaux meubles en marqueterie en acajou et bois sculpté. De magnifiques tapisseries complétaient cet ensemble en particulier de belles tentures de Bruxelles, des Flandres et d'Aubusson royal de la fin du XVIe au XVIIIe siècle. La ventre produisit 541.945 francs soit pour les 2 ventes : 4.765.645 francs
Tapisserie
de Bruxelle de l'époque
Louis XIV. 2X4 m |
Tapisserie
des Fandres de l'époque
Louis XIV. 3x4 m |
Gaston Menier connaissait les joies du collectionneur. Dès qu'il le pouvait, il s'adonnait à cette chasse passionnante du bibelot rare, de l'objet d'art introuvable. En 1897 il acquit lors de la dispersion des œuvres des Goncourt chez Drouot des dessins, aquarelles et pastels du dix-huitième siècle. De Pierre-Antoine Baudouin "Les Soins tardifs" pour 3.750 Fr, "L'Indiscret" pour 8.000 Fr. De de Boucher "Académie de femme" pour 18.500 Fr. De Fragonard "Dites donc, s'il vous plaît !" pour 12.000 Fr, "La Culbute pour 18.100 Fr et "Des Cascatelles".Il aimait surtout tirer la grosse pièce, les tapisseries sans défaut, de style et historiques. Certes, les toiles ou les plafonds qui ornaient les salons du rez-de-chaussée du 61 rue de Monceau avaient une valeur artistique incomparable. Mais c'était les tapisseries qui apparaissaient hors de pair. La série historique du grand salon, quatre larges panneaux, pouvaient rivaliser avec les plus beaux spécimens des œuvres françaises. Elle avait été commandée par Louis XVI suivant le modèle de Le Barbier à Beauvais en 1790, avec deux canapés et douze fauteuils assortis, pour être envoyée à Washington, en souvenir du traité de Versailles de 1783. D'une fraîcheur et d'un éclat de coloris magnifiques, elle représentait les quatre parties du monde : l'Europe, l'Asie, l'Afrique et l'Amérique. Sur l'une des tapisseries, l'Afrique, on voyait la France, sous les traits, de Marie-Antoinette, qui traitait, avec les reines d'Ethiopie. Dans celle consacrée à l'Amérique, la France terrassait l'Angleterre. Tout cet ensemble, non livré par suite de la Révolution, décorait depuis 1893 l'hôtel de M. Gaston Menier.Un soir précédant l'ouverture de l'Exposition Coloniale de 1931, Gaston Menier avait convié à dîner, dans son hôtel de la rue de Monceau, le Maréchal Lyautey, Commissaire Général de l'Exposition Coloniale et la maréchale. Après le dîner on passa dans le grand salon où était réservée une surprise devant "l'Asie", l'une des tapisseries représentant les parties du Monde, les hôtes se trouvèrent face à une voiturette attelée d'un âne qui était le modèle de celle qu'offrait le chocolat Menier à l'usage des visiteurs de l'Exposition coloniale. La Maréchale Lyautey exprima le désir de s'asseoir dans la voiturette aux côtés de Gaston Menier et de s'y faire photographier.
Les premiers Gobelins de la salle à manger, du salon de famille du premier étage, ainsi que la tapisserie représentant le château de Monceaux, d'après Charles Le Brun, pièce tissée en laine et soie, signée Jean de la Croix, complétaient harmonieusement cette collection de prestigieuse valeur. Un dernier mot sur l'écrin majestueux que représentait cet l'hôtel situé au 61 de la rue de Monceau ; construit en 1890 par Charles Garnier pour Abraham de Camondo, celui-ci le revendit presque aussitôt à Gaston Menier. Une tête de Mercure orne la clef de voûte de la porte principale, deux lions soutiennent le balcon dominé par une large fenêtre, un groupe de chevaux marins sortant du fronton et coiffant la large baie sont de Dalou. De lui aussi, la tête entourée de roseaux qui orne le comble. Les masques de faune placés au-dessus des baies latérales d'entrée, les huit masques de femmes qui se trouvent au-dessus des croisées latérales du premier étage et toutes celles de l'étage supérieur sont du même auteur. M. Lefebvre, décorateur, fit également exécuter par Dalou les modèles des quatre cariatides : L'Europe, l'Asie, l'Afrique, l'Amérique. Un très bel escalier intérieur, réplique de celui de l'Opéra, un porche à doubles colonnes, surmonté des initiales " G M ", entre deux pavillons donnant sur l'enfilade de la rue de Téhéran. Il complète l'hôtel de Camondo (le musée actuel) dont il est mitoyen. Si Gaston Menier savourait les joies du collectionneur il en partageait également les affres ; en 1906 il fut victime d'un cambriolage, plusieurs vitrines de deux des salons de son hôtel furent fracturées. De nombreux bibelots, statuettes, cachets, bonbonnières, tabatières, médaillons furent dérobés pour un montant de 80.000 à 100.000 francs. Le voleur n'était autre qu'un ancien valet de chambre. Après enquête et perquisition, tous les objets volés à M. Menier furent retrouvés au domicile de l'ancien valet, ainsi que d'autres objets d'art provenant de vols antérieurs ; car notre homme était avant tout : un professionnel du larcin.
Gaston Menier était très attaché aux choses de l'art, ce qui le fit tout naturellement participer à La commission extraparlementaire que le sous-secrétaire d'Etat aux beaux-arts, M. Dujardin-Beaumetz institua pour étudier les mesures à prendre en vue de défendre le Louvre contre l'incendie. Dans son rôle de rapporteur de la Commission spéciale, Gaston Menier établit un rapport très circonstancier en indiquant les mesures à prendre pour prévenir le " désastre ". C'est en 1905 qu'il en fit part à la Chambre des parlementaires.
" Actuellement, le Louvre est chauffé par vingt-deux calorifères distincts ; les cabinets des conservateurs sont chauffés par des cheminées à bois, preuve indubitable de l'amour pour le progrès. Ce sont là des dangers permanents d'incendie. De plus, les calorifères apportent des poussières et des fumées très nuisibles à la conservation de nos chefs-d'œuvre. Ces dangers sont augmentés par la disposition des planchers et des couloirs de dégagement, aux étages supérieurs. Les cloisons en bois forment des corridors tortueux, impraticables aux pompiers. De sorte qu'il suffit d'une flammèche pour mettre le feu aux tapis, toiles et dessins placés au-dessus de nos salles les plus précieuses. Les dangers que fait courir au Louvre l'installation du ministère des colonies dans le même édifice, place le Louvre dans les meilleures conditions d'incendie. Les vents régnants, à Paris, soufflent de l'ouest et du sud-ouest. N'étant arrêtés par aucun obstacle dans cette partie découverte, ils propageraient avec une telle rapidité l'incendie qui se serait déclaré dans le pavillon de Flore que le Louvre serait bientôt enveloppé tout entier par les flammes.
Voici donc les mesures à prendre sans délai : déménagements et transferts du Ministère des Colonies et du Ministère des Finances ; déplacer les cabinets des conservateurs ; remplacement de tous les systèmes dangereux de chauffage ; suppression de toutes les cheminées et établissement de calorifères, soit à vapeur, soit à eau chaude, avec foyer extérieur ; externaliser tous les ateliers de rentoilage, réparation, menuiserie, collage ; suppression des cloisons en bois et remplacement par des cloisons en briques ; sectionner les combles par des cloisons en briques, de manière à localiser le feu et empêcher son extension ; brancher les bouches d'incendie installées cour du Carrousel sur une conduite plus importante ; exiger que les chevalets des copistes soient en bois injecté ; restreindre l'éclairage à l'huile ; remplacer les fermes en bois de la charpente du toit du vieux Louvre par des fermes en fer ; enfermer toutes les matières combustibles, chiffons gras, etc. ; entretenir les paratonnerres ; veiller avec le plus grand soin à l'application des règlements défendant de fumer."
Gaston Menier endossait quelque fois l'habit de conférencier ; au pavillon de Flore, deux fois par semaines, des lectures ou des causeries étaient dispensées et suivies par un public nombreux. Gaston Menier put y développer ses souvenirs d'Egypte en montrant les photographies qu'il prit lui-même lors de ses fréquents séjours sur la terre des Pharaons.
Henri Menier, le frère de Gaston, était également un collectionneur compulsif, à sa mort en 1913, sa veuve, Thyra Seillière mis en vente la collection de son défunt époux. Pas moins de deux catalogues furent nécessaires pour présenter tous les objets d'Art : faïences italiennes, porcelaines de Saxe, orfèvrerie allemande, pendules, chaises à porteurs, traîneaux, meuble de salon en tapisserie Louis XVI, tapisseries des XVIe et XVIIIe siècles, tapis orientaux, bronzes, pendules, tableaux anciens et modernes, furent exposés et dispersés le 5 mars 1914, Galerie Georges petit à Paris et le 24 mars à Drouot pour le reste de la collection.
SOCIÉTÉ
DES INGÉNIEURS CIVILS
Membre de la Société des Ingénieurs civils, M. Gaston
Menier joint une solide instruction technique et à un bagage de connaissances
très variées, acquises au cours de ses nombreux voyages. L'article ci-dessous,
n'est pas lié directement à ce cliché photographique mais sa vraisemblance,
sans avis contraire, permet à priori de le rattacher.
Après
les ingénieurs américains, voici les ingénieurs anglais venus pour admirer
les merveilles de notre Exposition de 1889 et pour constater les progrès
de notre industrie nationale. Les membres du l'Institution of mecanical
ingineers au nombre de cent environ, ont été reçus par leurs collègues
de la Société des ingénieurs civils, qui se sont mis gracieusement à leur
disposition pour les accompagner dans leur visite. Après une cordiale
réception à l'hôtel de la Société des ingénieurs civils, dans laquelle
M. Eiffel, président, leur a souhaité la bienvenue, les mecanical ingineers
ont visité la galerie des machines, les ateliers Edison, les égouts de
Paris et la tour de 300 mètres où un déjeuner leur a été offert au restaurant
Brébant. La journée d'hier a été consacrée à la visite des ateliers de
Petit-Bourg. Les invités anglais et français de M. Decauville, au nombre
de deux cents environ, parmi lesquels MM. Gottschalk, Brûll Martin, Polonceaux,
Gaston Menier, Picard, chef de l'exploitation du P.-L.-M., Goschrrane,
Aspinall, Kennedy, etc., sont partis de la gare de Lyon, par train spécial,
à neuf heures vingt du matin, gracieusement offert aux ingénieurs anglais
par la Compagnie P.-L. M. A 9 heures ils quittaient à Corbeil la ligne
P.-L.-M. et montaient dans le train Decauville qui les transportait rapidement
aux vastes ateliers de Petit-Bourg. M. Paul Decauville a souhaité la bienvenue
aux visiteurs anglais. " C'est la première fois que le pavillon anglais
flotte sur notre établissement, dit-il ; j'espère, messieurs, que ce ne
sera pas la dernière." Après cette allocution, saluée par trois salves
de hurrahs, on entre dans les ateliers, dont on admire la bonne organisation.
Nous assistons d'abord à la fabrication des traverses et des rails, et
nous voyons fonctionner une série de machines construites avec une rare
perfection. Les ingénieurs anglais remarquent surtout une machine à peindre
les rails, d'une invention très ingénieuse. M. Decauville fait ensuite
manœuvrer devant nous un canon, pièce de campagne, qui, montée sur de
petits wagonnets, tourne, valse avec une étonnante rapidité ; puis, c'est
un canon de quarante-huit tonnes, système de Bange, placé sur seize essieux,
qui manœuvre avec non moins d'aisance, et est placé dans toutes les directions
avec une rapidité presque instantanée. Nous n'avons pas besoin de faire-valoir
les avantages que notre artillerie peut tirer de cette invention. Les
rails et les wagonnets Decauville ont été, du reste, adoptés par le ministère
de la guerre. Les ingénieurs anglais ne tarissent pas d'éloges, et c'est
au milieu d'un concert de félicitations que M. Decauville nous conduit,
toujours dans son train, son château, où un somptueux déjeuner nous est
attend. Au dessert, dans de nombreux toasts, les visiteurs anglais ont
traduit leur admiration pour notre industrie nationale et particulièrement
pour le Petit-Bourg et leur distingué directeur, M.Decauville. (Le Matin
du 1889-07-07)
INAUGURATION DU PONT DE VAIRES PAR GASTON MENIER
Souvenir offert par
Mr Gaston Menier Conseiller Général
Bien avant que le nouveau pont ne soit inauguré le 7 novembre 1897 par le ministre du Commerce Mr Henri Boucher, Gaston Menier s'empara du dossier. Fraîchement élu conseiller général de Seine et Marne en 1891, il exprime, par sa correspondance du moment, l'aspect politique du projet ou les intérêts de la Seine et Marne sont privilégiés au détriment de la Seine et Oise et de l'encombrant, Mr de NICOLAY. Mais la praticité du projet ne fait aucun doute, avant l'inauguration du pont, les habitants de Vaires et Torcy devaient emprunter en amont le pont de Lagny et en aval le pont à péage de Gournay, soit 9 kilomètres dans tous les cas.
Aquarelle
représentant le port de Noisiel, son moulin et son pertuis en
amont de la Marne vers 1830. Amarrée au port (à gauche) une embarcation
à fond plat appelée marnois. Utilisée sur la Seine et la Marne jusqu'au
XIXe siècle pour le transport des marchandises; elle pouvait mesurer entre
20 et 40 mètres, dimensions pour lesquelles le port de Noisiel s'adapte
avec ses 34 mètres . Ce marnois est gréé d'une voile qui soulageait les
bêtes de halage lorsque le vent le permettait, mais cela ne devait arriver
que très rarement à cause des nombreux méandres tout au long du parcours.
Le mât n'était donc probablement utilisé que pour le halage.
Connu
sous le nom de Mr. Clever Art dans le monde de l'art, Andrew Rosenblatt
émerge fortement sur la scène Pop Art Contemporain. Né à New York et vivant
actuellement à Los Angeles, en Californie, il est surtout connu pour sa
façon unique de fusionner des couleurs vives avec des produits de luxe
tels que Louis Vuitton ou Chanel. M. Clever utilise une créativité artistique
et éclectique aléatoire du Pop Art fusionnée avec la juxtaposition, les
lignes abstraites et les points pour constituer la majeure partie de son
art contemporain. Ses œuvres sont rapidement et secrètement récupérées
par des collectionneurs d'art, des investisseurs en art et des galeries
d'art du monde entier. Mr. Clever Art a merveilleusement illustré l'un
de ces artistes préférés ; Damien Hirst et ses "Complete Spot Paintings
" dans un collage représentant la petite fille menier destiné à refléter
ses inspirations artistiques (cliquez sur l'image)
Vue cavalière du site usinier de Noisiel, propriété des Menier, chromolithographie vers 1890 de Louis Poyet (1846-1913), illustrateur et graphiste français d'images industrielles et publicitaires.
CATHERINE TASCA,
MINISTRE DE LA CULTURE, 13/12/2000
La convention signée entre la ville de Noisiel et le Ministère de la Culture
permet à Noisiel d'accéder au rang prestigieux de "Ville d'Art et d'Histoire".
Consciente de la diversité et de ses atouts patrimoniaux, Noisiel préparait
depuis plusieurs années sa candidature au label. Trois déclinaisons remarquables
: en premier lieu, un patrimoine industriel unique datant de la fin du
XIXème siècle et du début du XXème siècle lié à l'établissement de la
chocolaterie Menier et à sa prodigieuse empreinte architecturale. En second
lieu, un patrimoine architectural contemporain incluant diverses réalisations
de grands noms de l'architecture en ville nouvelle. Et pour finir, un
patrimoine "vert" important en partie protégé.On pourrait rajouter la
pérennisation et le dynamisme économique de l'entreprise qui déjà en 1878
affichait un capital de 4 millions de francs, soit 8 millions de nos euros.
NESTLE A NOISIEL,
PRESIDENT YVES BARBIEUX, COURRIER AUX COLLABORATEURS EN 1993
Dans
un monde qui évolue très rapidement, où le nombre d'opérateurs se réduit
et la concurrence s'intensifie, les groupes industriels se doivent d'anticiper,
afin de confirmer leurs performances. Comme vous le savez, le groupe Nestlé
doit d'ailleurs une grande part de son succès sur le plan mondial à son
aptitude à prévoir ces évolutions. Nestlé France S.A est bien sûr une
constellation de marques fortes, qui ont toutes pour objectif la recherche
permanente du leadership sur leur marché respectif, mais Nestlé France
S.A est aussi le deuxième groupe agro-alimentaire français, qui doit s'affirmer
en tant que tel sur le plan national. C'est dans ce but, et en harmonie
avec la stratégie que Nestlé applique déjà dans le monde, qu'il est prévu
de réunir, en France, sur un site unique, tous les collaborateurs des
sièges sociaux de nos différentes unités opérationnelles. Cette nouvelle
orientation va, en effet, permettre de développer la synergie de toutes
nos forces tout en respectant la spécificité de chacune de nos unités.
Bien que ce regroupement ne doive s'effectuer, en principe, qu'à la fin
de 1995, il m'a paru important de vous faire part de nos intentions dès
maintenant. Parmi les différents sites à l'étude, celui de Noisiel, à
Marne-La-Vallée, serait conforme à la culture de Nestlé : propriété du
groupe, ce site classé est témoin de l'époque industrielle du chocolat
Menier et allie un passé architectural prestigieux à un environnement
naturel exceptionnel. Un groupe de travail a été constitué pour examiner
la faisabilité de ce projet et il me remettra ses conclusions avant la
fin du mois d'avril prochain. Je vous tiendrai informés, le moment venu
de la décision qui sera prise, sous réserve de la consultation des représentants
du personnel concerné, afin de vous permettre de participer dans les meilleures
conditions à cette nouvelle étape de la vie de notre groupe.
INTERVENTION DE
M. PHILIPPE ROBERT, ARCHITECTE
Le travail de Reichen et Robert est souvent considéré comme iconoclaste
par un certain nombre de spécialistes de la préservation historique nous
avons toujours considéré que, pour que les bâtiments soient sauvés, il
fallait les réutiliser avec une nouvelle fonction, quitte à modifier un
peu ou beaucoup les bâtiments. Nous avons cherché à justifier notre travail
et nous nous sommes aperçus que toute l'histoire de l'architecture est
l'histoire de la transformation de bâtiments. A titre d'exemple, le Louvre
construit sur plus de six cents ans est une addition de témoignages de
toutes les époques, y compris du XXe siècle. Il existe très peu de monuments
qui n'ont pas subi de modifications diverses. Il n'y a aucune raison que
l'histoire s'arrête et nous considérons que l'on peut traiter, modifier
des bâtiments, les transformer, les surélever même, etc. Evidemment il
y a monument, et monument protégé au titre des Monuments historiques,
et il est évident qu'il est plus facile de travailler sur des bâtiments
qui sont historiques sans être protégés au titre de la loi. D'une façon
générale, la plupart de nos projets font l'objet de longues négociations
avec les architectes du ministère de la Culture. Nous avons fait, dans
le cadre de la chocolaterie Menier à Noisiel, un projet très complet auquel
nous avons ajouté des bâtiments neufs de l'ordre de 20 000 m2. Il y a
donc également la cohabitation de bâtiments neufs dans un site industriel
ancien. Le groupe Nestlé France a reçu en patrimoine la chocolaterie Menier
par l'intermédiaire de Rowntree Macintosh qui l'avait rachetée. En 1993,
la fabrication fut arrêtée après la construction d'une autre usine plus
moderne à Dijon, et la question du devenir de ce site industriel se posa.
La solution de la vente ayant été retenue, Nestlé a demandé à notre cabinet
de produire une étude de mise en valeur du site de façon à le vendre.
Au vu de notre étude, le groupe a décidé de le garder pour lui et il nous
a demandé un deuxième travail consistant à déterminer s'il serait possible
de transformer les locaux en bureaux plutôt qu'en ateliers. En effet,
à l'époque, le président de Nestlé cherchait à regrouper dans un même
lieu les sept sociétés qui forment la holding Nestlé France. Dans l'étude
rendue, les critères relatifs au coût, à l'image, à la sécurité et à la
situation dans le grand Paris ont été étudiés très précisément et finalement
le projet a emporté l'adhésion et la décision a été prise de faire cette
réalisation. Cette décision était importante car c'est la première fois
qu'une société aussi connue que Nestlé choisissait d'implanter son siège
dans une ancienne usine et d'associer son image institutionnelle à celle
d'un patrimoine industriel. La société Nestlé s'est installée dans les
lieux il y a un peu plus d'un an. Avant que les travaux ne démarrent,
une partie du site était utilisée pour fabriquer du chocolat et l'autre
partie était plus ou moins à l'abandon et servait parfois à des tournages
de films, Camille Claudel par exemple. L'Architecte en chef des Monuments
historiques est intervenu pour la restauration de la façade et de la toiture
classées de ce moulin qui a été réalisée avec beaucoup de soin. Les détails
de décor ont été remis en état (briques vernissés, "M" de Menier, cloche,
horloge). 20 000 mètres carrés de bureaux ont été construits en peigne
reprenant le tracé régulateur des trois rues des maisons des ouvriers
de Menier. De nombreux espaces verts ont été créés. Un pont a été construit.
Tous les parkings ont été rejetés autour du site de façon à ce qu'il n'y
ait aucune circulation à l'intérieur autre que l'entretien et les livraisons.
Notre projet a consisté à essayer de faire cohabiter des parties anciennes
et des parties contemporaines dans un dialogue que nous croyons intéressant.
Les éléments neufs viennent dialoguer avec les parties anciennes. Ce parti
a d'ailleurs rejoint la volonté de la société Nestlé qui voulait se démarquer
de la société Menier et montrer qu'elle est une entreprise résolument
moderne. Trois artistes sont intervenus dans ce projet : Michel Boulangé,
Sylvie Blocher, Dominique Bailly ainsi que Florence Robert, paysagiste.
D'une façon générale, Nestlé pense que le surcoût pour réhabilitation
de ce chantier a été de l'ordre de 5% pour un budget de 620 millions de
francs de travaux et une surface de 60 000 mètres carrés hors œuvre, y
compris les espaces de circulation. Il est certain que l'adaptation du
moulin aux normes sécurité n'a pas été facile mais elle a néanmoins été
tout à fait réalisable.
Panonceau
lithographié de 66x45 cm du chocolat Menier, signé Firmin
Bouisset. Imprimé dans les
ateliers d'Emile-Victor CAMIS, située quai de Jemmapes
à Paris entre 1890 et 1906. Mis sous verre par J.Boyer, encadreur
parisien depuis 1879. Cette affiche à été
reproduite, cartonnée, dans les années 1980 par l'éditeur
Bernard Carant, boulevard des Batignolles, à Paris.
Affiche du Chocolat Menier éditée par Camis. Allure de petite paysanne aisée, avec ses lourds souliers lacés, sa courte robe bleue à petits pois, son caraco marron élimé et ses tresses de cheveux noirs luisants sur son dos frêle ; qui inscrit sur un mur, au charbon, le nom du célèbre chocolat de Noisiel ; aux pieds duquel gisent le panier blanc du goûter et le familial parapluie de coton rouge. Mais l'affiche de 1892 évoluera, selon l'anecdote, le parapluie familial qu'utilisait la gouvernante pour aller chercher Yvonne, à l'école, les jours de pluie, attristait la fillette d'une affiliation trop prononcée au monde paysan. L'affiche à succès devait donc se moderniser pour pénétrer les grandes villes, la disparition du parapluie eu lieu dès 1893, ce qui n'empêcha pas la diffusion des 2 versions, aux slogans différents, jusque dans les années 1930.
Il est communément admis que l'emblématique affiche des Chocolats Menier se décline à profusion depuis des siècles sous les traits d'Yvonne, fille de son père, illustrateur et affichiste ; Firmin Bouisset. Mais l'histoire quelque fois se confronte à des usurpations qu'il lui est difficile de dénoncer par manque de preuves et par l'établissement d'un roman historique faisant la part belle au genre masculin détenteur de pouvoir ou faiseur de culture en ce 19 siècle. Prenons le temps de lire le courrier que Madame Durand Mireille, belle-fille de Marie-Louise, envoya au magasine Télé 7 Jours du 10 au 16 Mai 1997 suite à l'édition d'un article sur l'affiche du Chocolat Menier. Marie-Louise Paul Hedeline née le 28 février 1887 et décédée en 1975 était élevée par ses grands-parents maternels Alphonse et Rose Dupuis. Monsieur Alphonse Dupuis était le régisseur des propriétés de Monsieur et Madame Menier à Noisiel. Monsieur Menier cherchait un thème d'affiche et Monsieur Firmin Bouisset, de passage à Noisiel, a vu ma belle-mère, qui avait environ 6 ans, écrire au charbon de bois sur les murs de la propriété. Son attitude sur un pied en dedans et l'autre sur la pointe l'a séduit il a eu l'inspiration pour son affiche. Monsieur Menier l'a montrée à son régisseur en lui disant : "n'empêchez plus votre petite fille d'écrire sur les murs avec du charbon de bois voilà le résultat".
Tablier
immortalisé sur une carte postale de 1914 au cours de l'exposition Coloniale
Internationale de Lyon; il fut également porté durant l'exposition internationale
de 1900 à Paris et décliné sous diverses formes publicitaires: serviette,
réticule. Des
coupons de
tissus imprimés à taille définie (1m/1m) sont encore en circulation,
ils n'avaient pas pour vocation à devenir serviettes publicitaires pour
l'exposition de 1900 mais à confectionner des tabliers de domesticité
pour jeunes filles.
L'Exposition Internationale de Lyon, de Mai à Novembre 1914, était pour la première fois organisée, fait original et tout à fait inédit, par une municipalité. L'Exposition Internationale de Lyon s'intéressa particulièrement à mettre en relief tout ce qui touchait à l'organisation et au perfectionnement de la Cité Moderne. Toutes les colonies françaises participèrent à l'Exposition Coloniale qui y était annexée : Le gouvernement d'Afrique occidentale, d'Afrique équatoriale, de Madagascar, d'Indochine, d'Algérie, de Tunisie, le Protectorat français du Maroc. Les plans du palais furent réalisés par l'architecte Lefèvre et l'entrepreneur Monier en assura la construction.
Bavoir en broderie
richelieu vers 1900
La future ménagère doit s'appliquer de bonne heure à confectionner des vêtements. Dans du linge ou des vêlements hors d'usage, on peut trouver des morceaux assez bons pour faire du linge ou des robes d'enfant et commencer son apprentissage de couturière. Dans un ménage modeste rien ne doit se perdre. Les couches sont souvent faites dans de vieux draps, Le tissu imprimé représentant la petite fille du chocolat Menier, que l'on trouve dans toutes les expressions publicitaires tissées de la maison Menier, sera l'occasion de confectionner des bavoirs et d'apprendre quelques points de broderie, en particulier le feston.
Durant l'exposition
Universelle Internationale et coloniale de Lyon en 1894, le directeur
de l'enseignement primaire faisait savoir aux directrices d'écoles normales,
d'écoles primaires supérieures et de cours complémentaires, que le ministre
de l'instruction publique se proposait de participer à l'exposition de
Lyon. En conséquence, il leur demandait de confectionner des travaux de
couture, soit : un objet de layette, une pièce de linge de maison telle
que tablier de domestique, serviette, rideau, etc. ; les ouvrages devant
constitués les albums du ministère et être présentés dans le pavillon
(féminin) du Rhône, à deux pas de la grande coupole, dans le parc de la
tête d'or.
Sur une grande table s'étalaient les albums des 200 écoles. A Lyon, le
public constata que les " Petites Parisiennes " travaillaient avec beaucoup
de goût et d'adresse. L'intérêt des albums exposés résidait aussi dans
le choix des dentelles et des tissus employés qui différaient selon les
localités. Le but du ministère étant de mettre à l'honneur les travaux
de couture, qui devaient avoir une place prépondérante dans l'éducation
des filles. Il faut, disait-il, que nos filles quittent l'école, ayant
pour les travaux de couture le goût développé et une certaine adresse,
l'apprentissage les mettra ensuite rapidement en état de gagner leur vie.
Réticule 1900
L'hôtel du Matin et du Français a présenté, hier, durant toute la journée, l'aspect le plus charmant et le plus pittoresque. Plus de six mille enfants, bénéficiaires de nos Surprises, sont venus, en compagnie de leurs parents au total douze mille personnes environ échanger leurs Bons contre des kiosques-distributeurs, réticules et boîtes de chocolat Menier. Et cette distribution s'est effectuée, par les soins de notre personnel, de la façon la plus heureuse du monde.
La livraison des
chocolats Menier continuera aujourd'hui samedi, à partir de dix heures
du matin. Il reste encore quatre mille surprises environ à remettre aux
porteurs de nos Bons-Surprises, avant de clôturer cette colossale et sensationnelle
distribution. Pendant ce temps, les collaborateurs du Matin et du Français
se promènent inlassablement dans les rues de Paris, dans la banlieue et
en province, pour remplir leur agréable mission récompenser le zèle de
nos lecteurs qui nous font si gentiment une publicité dont nous leur sommes
très reconnaissants, et faire encore des milliers et des milliers d'heureux.
Photo (source musée d'Orsay) prise entre 1907 et 1910 au château de Noisiel, à gauche de la table, Henri Menier et sa compagne: Mathilde Heintz, à droite : Georges Menier et sa femme Simonne née Legrand.
Frac
de livrée de domestique en drap de laine bleu marine, de marque probable"La
belle jardinière", deuxième moitié du XIXe siècle. Habit dégagé
à queue de pie, boutonnage croisé à 18 boutons de 3 cm et 4 d'1,8 cm en
laiton monogrammé M (Menier). Coupe tailleur à doublure en sergé de laine
à poche intérieure. Biais de satin rayé jaune et vert cousus au col, simulant
un gilet. Livrée que l'on devait retrouver à :Paris Monceau, Noisiel,
Rentilly, Houlgate, Bois-Larris, Cannes, Villers-Cotterêts.
L'apparition des boutons de livrées, sous leur forme métallique remonte
à la fin du XVIII siècle, où, à l'exemple de l'armée, ils ont remplacé
les boutons recouverts d'étoffes et les aiguillettes. Les premiers boutons
armoriés furent portés par la livrée des colonels propriétaires de régiments,
et sont généralement en argent. On peut estimer à une dizaine de milliers
les familles ayant fait frapper des boutons à leurs armes.
Ce Frac de livrée de domestique est différent de celui de l'équipage de
chasse à courre de la
vénerie Menier de Villers-Cotterêts ; tenue à la française, rouge
aux galons de vénerie, gilet semblable, culotte en velours bleu roi, bas
blancs, bottes de vénerie. Les boutons en laiton monogrammés M, Le bouton
portant d'argent sur champ d'or, un cerf passant dans la lettre M.
L'institution
des sapeurs-pompiers de la chocolaterie Menier est une compagnie constituée
de 40 membres en 1882
par Albert
Menier, elle deviendra communale en 1886.Ci-dessus, le casque
(modèle SGFM de 1855) d'un certain "Chemin" avec cimier à
godrons, plumet et jugulaire en fausse écaille, large bandeau où l'on
retrouve la grenade et les armoiries de la famille Menier caractérisées
par le monogramme sous forme de M.
L'institution des sapeurs-pompiers est la seconde œuvre patronale de la cité par le nombre de ses membres. Pour des raisons de sécurité interne à l'usine, un premier groupe de bénévoles avait été placé sous la direction de Jules Logre dans les années 1870. Une première compagnie privée, sous l'égide d'Albert Menier, est constituée en 1882. Elle adopte les statuts de subdivision communale en 1886. Comme les instituteurs quatre années plus tard, cette modification est demandée par les intéressés pour bénéficier du statut de sapeur-pompier et de l'exemption de la prestation vicinale – 6 Frs par an. D'autre part, une prime de 0.60 Frs à 1.50 Frs leur est allouée après chaque déplacement hors de la commune. Une nouvelle fois, les Menier conservent les différentes charges de leur œuvre : entretien, locaux, chevaux, matériel (pompe à vapeur, échelle, "casque pour feux de caves", ...). Durant ces années, son effectif oscille entre 37 et 42 membres. Les ouvriers s'engagent pour 3 ou 5 années. La subdivision est organisée selon des principes militaires, grades et discipline à l'appui. Elle est placée sous l'autorité directe du lieutenant Jules Logre jusqu'en 1901. Les sous-lieutenants sont Louis Logre, fils du précédent et Piette contremaître et conseiller municipal. Les autres cadres, Sergent Fourrier, Caporal, sont les mêmes contremaîtres et déjà conseillers municipaux. Elle est une institution à Noisiel par le nombre de ses membres, sapeurs, sergents, tous à titre honoraire qui gravissent autour d'elle. Dans la cité, la subdivision participe à toutes les manifestations : fêtes communales, commémorations, 14 juillet et autres fêtes patriotiques. Seule, elle organise des démonstrations d'exercices sur la place des écoles et les retraites aux flambeaux. Dans le canton, elle prend part aux compétitions d'exercices. Si elle n'est pas une nouvelle voie de promotion sociale, lui appartenir est faire preuve de son intégration dans la communauté et signifier aussi sa "bonne volonté" à l'adresse des responsables de l'usine. Plus encore que l'Harmonie, la subdivision est un haut lieu de sociabilité masculine. Ses membres affichent leurs valeurs viriles ; encouragés en cela par ces exercices physiques et d'adresses, leur proximité aux engins mécaniques, au danger le cas échéant. Aux obsèques des habitants, une savante économie des délégations témoigne de leur position respective dans la hiérarchie sociale et symbolique de Noisiel. En novembre 1908, le Docteur Richon, membre honoraire, est gratifié de 24 hommes. Mars, ancien Sergent et conseiller municipal, de 19, un ancien sapeur, plus tard membre honoraire, de 17. En juin 1911, un autre est enterré, lui, sans cérémonie. Ceci parce qu'il a "quitté la subdivision en 1906 et s'en est désintéressé complètement en n'assistant à aucune réunion, fête ou banquet". Scrupuleuse comptabilité des allées et venues, des vus et non-vus, sur Noisiel l'oubli n'a pas prise. La Sainte Cécile et la Ste Barbe sont fêtées le même jour. A chaque occasion, Jules Logre rappelle combien "il est heureux de voir renouveler cette double fête toute intime et toute confraternelle" un commentateur salue "ces deux sociétés d'élite qui vivent côte à côte dans un état de cordialité qui leur fait honneur". Après une retraite aux flambeaux dans la cité un banquet réunit tous les adhérents et les nombreux invités. Les industriels sont ovationnés tandis que "le café fume dans les tasses et que de bons cigares s'allument de toutes parts". Un grand bal public clôt cette nouvelle famille". (Richard, M. ( 1986). Maîtrise d'histoire, La cité de Noisiel.)
Giberne de l'harmonie de la compagnie des sapeurs de Noisiel.
Face
à la chocolaterie, se trouve la Mairie
construite en 1895. Nouvel édifice qui remplace la mairie-lavoir où Émile
Justin exerçait mandat communal et direction de l'usine sans distinction
notoire. Cette nouvelle mairie répond à une disposition de 1884 qui stipule
que chaque commune doit posséder un local à usage exclusif de mairie.
Sur cette même place baptisée Gaston Menier, se trouve le bâtiment des
Pompes : l'institution des sapeurs-pompiers de Noisiel.
Des
produits sont lancés entre 1930 et 1935 dans la catégorie des chocolats
fins par la maison Menier pour contrer une concurrence grandissante. Des
boites de luxes font leur apparition et un salon au 114 avenue de Champs
Elysées parachève cette nouvelle tendance haut de gamme. Ces boites sont
estampillées " Menier confiseur ", la confiserie étant depuis 1900 introduite
dans les productions de Noisiel, celle-ci dépassant le chocolat de Ménage,
produit phare depuis les années 1870.
Boite
de confiserie créée pour l'exposition universelle de 1937 à Paris et faisant
la publicité pour le salon Menier se trouvant au 114 avenue des Champs
Elysées. Parée des couleurs nationales cette poupée semble faire échos
aux montées nationalistes et à la démonstration de puissance germano-soviétique
matérialisée par 2 pavillons massifs et sans grâce (mastoc) et se faisant
face. Cette même année Menier organisa une consultation auprès de ses
consommateurs pour donner un prénom à leur célèbre petite fille remaniée
art déco. Il est précisé que ce prénom devra être " bien français ". Jacqueline
émergea de cette campagne publicitaire ce qui permettra une interactivité
entre des consommateurs qui allaient devenir auditeurs et spectateurs
des différents spectacles promotionnels à venir.
Camion
publicitaire Menier de 1935 en carton, avec ses caissettes, l'ensemble
proposé dans sa boite de transport. La fragilité de l'ensemble laisse
à penser que les exemplaires restant en circulation sont peu nombreux,
donc rares.
BAPTÊME DE COSIMA
Monogramme
de la famille Menier, propriétaire du château de Chenonceau, gravé sur
ce cœur offert aux invités durant le baptême de Cosima, fille de Jean-Louis
et Laure Menier. Le monogramme est probablement modifié en conséquence,
on peut y voir le A et le M de Marie Antoinette, ou bien, Le M de Menier
suivi Du C de Cosima Menier, associée dans la société civile de Chenonceau-Rentilly.
MM.
Gaston et Henri Menier, entourés de leurs collaborateurs, ont inauguré
samedi 8 Octobre 1898, à Noisiel, le monument élevé à la mémoire de leur
père, M. Emile-Justin Menier, fondateur de la chocolaterie, ancien député
de Meaux, et fêté la pose de la première pierre de la maison de retraite
Claire Menier, fondée en mémoire de leur mère. De nombreux invités de
Paris et des environs étaient venus assister à cette fête familiale. La
cérémonie a débuté par la pose de la première pierre de la maison de retraite.
250 ouvriers, ouvrières et des enfants des écoles de l'usine, accompagnés
par l'harmonie, ont chanté une ode à Mme Menier. A trois heures, a eu
lieu, sur la place de Noisiel, l'inauguration du monument de M. Emile
Menier, devant lequel a défilé tout le personnel de l'usine. Le buste
du fondateur de l'usine est placé sur un socle en marbre flanqué de deux
figures en bronze, de Carrier-fielleuse. Le soir, à six heures, a eu lieu
un grand banquet qui réunissait 2,300 invités. Tous les ouvriers et ouvrières
de l'usine avaient été invités, ainsi qu'un délégué ouvrier désigné par
les conseils municipaux des 97 communes de la circonscription, des ouvriers
délégués de l'usine de Londres, de la vermicellerie de Chelles et de la
sucrerie de Roye (Somme). Une tente fut dressée au centre de l'ile pour
accueillir tous les convives, mais les écuries du château durent également
abriter des collaborateurs probablement triés sur le volet. Une broche
(Insigne)pour l'occasion fut créée et visible sur le revers des vestons
de certaines personnalités.
Les invités au banquet, munis de leurs cartes et de l'insigne se rendront dans l'île, par le porche de la gare et le quai, à l'entrée duquel aura lieu un contrôle général. Après avoir traversé le pont, les personnes munies de cartes bleues se dirigent en face à droite pour entrer par la porte bleue. Celles munies de cartes blanches iront en face à gauche pour entrer par la porte blanche située au milieu. Et celle munies de cartes roses tourneront à gauche en suivant le chenal pour gagner la porte rose situé en aval. Des pancartes indicatrices seront placées aux abords des Carrefours. En entrant, remettre le talon à détacher de la carte d'invitation au contrôle placé à la porte, puis se diriger vers la table portant le numéro indiqué sur la carte où se trouveront à l'avance les commissaires de table qui feront placer leurs convives à raison de 22 de chaque côté de table. Les contrôleurs et les commissaires devront trouver leur poste à 5h précises pour l'ouverture des portes. Ils exerceront durant tout le repas une surveillance sur le service de leurs tables pour assurer que chacun ait ce qu'il lui faut, adresser aux garçons de service toute observation ou réclamation, ou même au surveillant de la section de la cuisine, qui devra tenir compte de toute réclamation à lui adresser, sauf à en référer aux commissaires généraux. Les commissaires maintiendront l'ordre sous tous les rapports s'il y avait lieu à leur table.
Emile Justin Menier propose au Ministre de l'Instruction d'attribuer après concours un Prix Menier à un étudiant de l'Ecole supérieure de Pharmacie de Paris. Le ministre accepte et un décret du 17 décembre 1859 autorise l'Ecole à décerner une médaille d'argent et un coupon de rente de 500 frs. Le prix fut attribué à F. Finet, interne des hopitaux de Paris, pour la thèse : Les produits donnés à la matière médicale par les apocynées
Livret musical luxueux
dédicacé par les auteurs à l'attention de leur égérie, Cléo
de Mérode.
C'est
l'époque où l’aristocratie partage désormais avec la haute bourgeoisie
les bénéfices exorbitants des richesses coloniales, des avancées technologiques
et leurs débouchés économiques exorbitants. La belle époque sourit à quelques
privilégiés : théâtre et danse sont les espaces privilégiés des fortunes
parisiennes pour démontrer une élégance, un raffinement, une certaine
appropriation de la culture aristocratique. Les espaces confinés des salles
de spectacle voient pulluler et parader la crème des parvenus à la recherche
d’une reconnaissance divine. Probablement hermétique à la chose artistique,
cette nouvelle population richissime succombe bien justement aux charmes
des danseuses et comédiennes. Si certaines franchirent le Rubicon pour
devenir courtisanes ou cocottes, d’autres restèrent des muses inspiratrices
pour artistes. Georges
Menier fut l’un d’eux ; il succomba au charme ravageur de Cléo
de Mérode et lui composa un livret musical pour sa toute première pièce
de théâtre en 1909, intitulé "Le premier pas".
SIMONNE MENIER PAR HELLEU
Lithographie de Simonne
Menier par Paul César Helleu 1913
En
1901, Montesquiou écrit un nouvel article : LES PEINTRES DE LA FEMME
- HELLEU, dans LES MODES D'AOUT, et Helleu fait la connaissance
de Charles Ephrussi, ami de Proust qui lui doit quelques traits du portrait
de Swann. Cet article fait son succès, Helleu peut maintenant acheter
des meubles de prix, il s'installe d'une façon très originale qui fait
sensation, et qui va faire une révolution dans le goût. Il ne jure que
par les couleurs blanc et argent ; il renonce au faux gothique, aux lourdes
tentures à la mode dans les milieux d'artistes et de gens du monde. Pour
lui, la plus belle couleur est celle d'un service à thé en argent.
Son salon aura les murs peints en blanc uni ; il y vit avec sa famille,
il y travaille, car il trouve ridicule d'avoir un atelier. Dans ce décor,
il a installé un large canapé recouvert de satin aussi blanc, et des meubles
directoire qu'il n'hésite pas à montrer dans ses gravures : un
buffet à deux portes, une table ronde, une petite table à écrire, quelques
chaises au décor de lyre, des statuettes de porcelaines. Aux murs sont
accrochées quelques toiles de Manet, de Monet, de Cézanne.
Helleu devient très vite l'arbitre du bon goût, mais aussi l'arbitre des
élégances. Les plus grands couturiers le consultent ; Félix, Doucet et
Worth suivent ses suggestions pour créer et lancer des modes nouvelles.
On lui demande de désigner les femmes les mieux habillées, les plus élégantes.
Il déclare que les deux Françaises les plus belles sont Mme Henri Letellier
(Veuve d'Albert Menier) et Mme Menier. Il a une grande action sur la mode
féminine, " Les pointes-sèches qu'Helleu prodigue depuis 40 ans troublent
les coquettes jusque dans les moindres sous-préfectures ; à l'exemple
de ces jeunes filles allongeant leur taille, tirant leurs cheveux, étudiant
leurs gestes, la souplesse de leur poignet lorsqu'elles posent la main
sur leur ombrelle. Un de ses modèles préférés, Madeleine Carlier, lui
dit : " Avant même que vous ayez fait mon portrait, on m'appelait un Helleu.
" (Vallery-Radot, Adhémar,1957)
SIMONNE MENIER PAR ROESSINGER
Mlle
Simonne Legrand mariée à Georges Menier en 1903. Tirage argentique de
1909, timbre sec de l'atelier de Montreux,
signatures d'Arnold
Casimir Roessinger-Jeanneret, photographe Suisse, et de son modèle.
De nombreux portraits d’Arnold Casimir attestent d’une collaboration entre
le photographe et Simonne Menier.
"C'est la plus jolie femme de Paris ! Robert de Rothschild est venu pour me rencontrer le premier vendredi chez Nathalie. Il fut charmé par ce salon amusant et disparate, ravi de me revoir et de me trouver si belle. Il organisa un déjeuner chez les Lebel, grands industriels un peu associés avec les Menier à Neuilly, un beau dimanche. Tout fut comme dans un rêve. On fut photographié dans le jardin, on se grisa de tout, on bavarda, on sourit, on rit, on voulut briller de toutes les facettes. Quelques jours après, Georges Menier dont la merveilleuse femme venait d'être opérée me téléphona : "Ma femme peut recevoir depuis hier. Son regret fut si grand de ne pas vous avoir vue l'autre jour chez les Lebel que j'ose vous demander de lui faire une petite visite à la clinique." En entrant dans la chambre transformée en serre chaude et fleurie, nous aperçûmes une déesse sur un nuage blanc, dans un bouquet, dans la neige des plus fines lingeries, des enroulements de perles incomparables ! Un visage divin, souriant, régulier, joli. Une enfant aimable, simple, ayant autour d'elle quatre grands fils, son mari, son beau-père. Je lui tendis mes violettes blanches, lui marquais mon admiration sincère et ma tendre sollicitude. Elle eut les mots qu'il fallait. Je saluai amicalement mon vieux Gaston Menier, sénateur, qui me rend souvent des services. J'aime cette femme, belle, simple, cordiale, parfaite, inattaquable. Tout Paris l'admire. J'en parlais un jour à la duchesse qui me répondit : "Oh ! On la dit si belle ! Mais elle s'en tient à son monde ; elle n'est pas snob. C'est bien dommage pour notre monde à nous dont elle s'écarte systématiquement. "Ceci, selon moi, est encore à l'avantage de cette charmante femme et à ma gloire puisqu'elle a désiré que je m'approche d'elle".(Liane de Pougy)
SINONNE ET SES FILS
Cadre familial de 1928,
de gauche à droite : Jean, Claude, Simonne, Antoine, Hubert Menier.
Jean, familièrement baptisé Jean IV car 4ème garçons naquit à Paris le 9 mars 1913. On le trouve, en 1924 élève de l'Institut Saint-Charles de Monceau. Ce doit être le premier Menier à fréquenter un établissement religieux. L'arrière-grand-père Émile Justin doit tressaillir dans sa tombe. Jean meurt à Paris, célibataire, le 11 janvier 1944 à 30 ans après une "petite maladie". Ses obsèques ont lieu le 14 janvier, dans l'intimité, en l'église Saint-François-Xavier. Jean Menier, dans les pas de son père écrivit une comédie dramatique à l'âge de 9 ans intitulé : " Sauver les escargots ". Agréable divertissement, ou plaisanterie, qui fut apprécié par Marguerite Deval qui demanda d'y obtenir un rôle. Plus surement, Marguerite Duval participa à plusieurs créations de Georges Menier : " Avec plaisir ", opérette en 1 acte et " A paris tous les deux ", opérette en 3 actes. Une promiscuité professionnelle qui dût permettre à Marguerite d'entrer dans l'intimité de la famille de Georges.
Claude est né en 1906, de nature fragile il resta célibataire. Il eut certainement un côté artistique comme son père auquel il fit les décors et créa l'affiche de " A Paris, tous les deux. ". Claude fit don au musée du Louvre des boucles d'oreilles en perles poires de l'impératrice Joséphine et légua au même musée les superbes bracelets en diamant et rubis de la duchesse d'Angoulême, bijoux qu'il avait personnellement achetés à Londres. On lui prête des fiançailles avec Joséphine Baker, plus ou moins officielles mais sans lendemain. L'achat en Dordogne du château de Castelnau-Fayrac pour la somme de 25 millions de francs où se fixera Joséphine et sa nombreuse famille. Claude aura survécu à ses trois frères. Il décédera à Paris le 13 avril 1973. Avec son frère Jean, il aura été le seul Menier, au travers de cinq générations, à n'avoir été ni impliqué dans l'industrie chocolatière, ni homme d'aventure. Claude n'était pas dénué d'altruisme puisqu'il légua l'intégralité de ses biens à l'œuvre des Jeunes Infirmes de la rue Lecourbe.
Antoine, naissance à Paris le 13 octobre 1904. Il fit ses études au lycée Condorcet et obtint son baccalauréat. Passionné d'automobile, il sera détenteur de onze records du monde sur Alfa Roméo. En 1929, il rencontre Renée Vigne au cours d'une course automobile à l'Aigle dans l'Orne. Entre Renée, mannequin vedette d'un grand couturier parisien, et Antoine riche bourgeois héritier d'un immense empire industriel, c'est le coup de foudre. Mais ce rapprochement de classe ne fait pas le bonheur de Simonne Menier. Malgré la grande distinction de Renée Vigne, Il faudra attendre quelques années de vie commune pour que Madame mère consente au mariage de son fils. Celui-ci aura lieu bien tardivement en 1961.
Hubert, naissance à Paris, comme tous ses frères, le 12 décembre 1910. Il poursuit ses études secondaires au lycée Carnot et en sort bachelier. Il sera co-gérant de la société Menier et toute sa carrière sera consacrée à l'industrie chocolatière. A 37 ans il épouse, le 4 juin 1948, Odette Gazay, fille de M. Gazay, employé aux Chemins de Fer et Mme Gazay, institutrice à l'école des filles de Nanterre puis directrice d'école à la Garenne-Colombes.Deux enfants naîtront de cette union : Jean-Louis en mai 1949 et Pauline en mai 1952. Après la mort de leur oncle Jacques, la famille s'installera au domaine de Rentilly, à deux pas de Noisiel. Il sera le seul veneur de cette génération et aussi, le dernier "Menier-Veneur ; La passion de vénerie ne le quittera jamais et, en 1950, il créera près de Chantilly, son propre vautrait qui aura une existence éphémère. Hubert Menier compta également parmi les joueurs assidus de Polo à Paris Bagatelle. Il mourra le 28 juin 1959 à 48 ans, échappant au spectacle de la fusion puis du rachat de la firme familiale. Hubert fut tuteur de Philippe Naudy né en juin 1940 du premier mariage d’Odette, son époux Roger Naudy étant décédé à Oran en 1942. Odette Gazay décèdera le 11 juillet 1975.
SINONNE INFIRMIÈRE-MAJOR
Paul Barbarin, chirurgien éducateur et ami, forma Simonne au métier d'infirmière, sa formation en poche, elle apporta sa compétence d'infirmière au château de Chenonceau offert à l'autorité militaire comme hôpital de secours aux blessés durant la première guerre mondiale. Gaston Menier prit à sa charge toutes les installations et dépenses nécessaires à l'entretien de cet Hôpital, tous les services ont été installés : électricité, chauffage, canalisation d'eau. Les vastes pièces et les galeries du château ont été transformées, peintes et organisées pour accueillir 120 lits. Georges Menier, affecté comme "aide-major infirmier" à l'ambulance, a suppléé son père dans cette installation et organisation. Les interventions médicales et chirurgicales étaient assurées par le docteur Victor Morel, chirurgien en chef et député du Pas-de-Calais, assisté du docteur Druon, de Lille. Simonne Menier, " infirmière-Major ", était assistée par un grand nombre d'infirmières issues de différents milieux (des Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul à la comtesse de Razay). Simonne Menier et ses condisciples furent récompensées à la fin des hostilités par la Médaille de vermeil des épidémies (journal officiel du 24 mai 1917). Une Prise d'armes et remises de médailles furent organisées le 16 juillet 1917 dans les jardins de Chenonceau.
LA GALERIE DES FÊTES
Galerie
des fêtes de Chenonceau en 1886 (Constant
Peigné)
Le 24 juin 1886, eut
lieu à Chenonceau l'inauguration de cette grande galerie des Fêtes Louis
XIV. De grandes réjouissances furent données à l'occasion de l'inauguration,
trente mille invités, d'une fête de jour et d'une fête de nuit. Le président
de la République en aurait accepté l'invitation qui lui fut faite. L'histoire
de Chenonceau aux diverses époques fut représentée par des groupes costumés.
On évalue à trois ou quatre mille le nombre des personnages qui firent
partie de ces groupes. Mme Pelouse fit représenter, dans la grande galerie
des fêtes, le ballet qui y fut exécuté en présence de Catherine de Médicis.
Ce divertissement fut donné avec le concours du corps de ballet de l'Opéra.
La musique et la description des costumes furent précieusement conservées
dans les archives de Chenonceau et le ballet représenté en 1886 resta
fidèle à celui qui fut donné en présence de Catherine, il y a trois siècles
UN DINER A CHENONCEAU
Odette Gazay devant
son Château à Chenonceaux
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VISITE PRINCIÈRE
Pauline Menier, Laure
Menier, Charles, Monique Lang, Jack Lang, Diana, Jean-Louis Menier.
Le 9 novembre 1988, sept ans après leur mariage : le Prince Charles et la Princesse Diana visitent le Chateau de Chenonceau au cours de leur voyage officiel en val de Loire, représentant la famille royale. Le couple princier avait été accueilli à Paris par le ministre de la Culture Jack Lang. Un hélicoptère avait transporté le couple jusqu’au château de Chenonceau. La princesse de Galles arborait une robe-manteau écossaise rouge et noire signée Chanel. Officiellement, le mariage était encore heureux, mais il touchait déjà à sa fin, Diana fréquentait James Hewitt et Charles avait renoué son idylle avec Camilla Parker-Bowles. Arrivés à Chenonceau, ils sont accueillis par les membres de la famille Menier : Laure, la femme de Jean-louis Menier et Pauline Menier, la soeur de ce dernier. Le chateau de Chenonceau fut l'une des étapes privilégiées de la royauté britannique. Nous sommes le 24 octobre 1979 Elizabeth II atterrit à l’aéroport de Tours pour une journée de visite touristique privée. La reine souhaite se rendre dans deux des plus célèbres châteaux royaux français. Tout d’abord, elle visite le château de Chambord. Puis dans l’après-midi, elle se rend à Chenonceau pour une visite au côté des propriétaires : Jean-Louis et Pauline Menier et d'Anne-Aymone Giscard d'Estaing.
CATALOGUES PRIX COURANTS
Jean-Antoine
Brutus Menier édite en 1845 son "catalogue prix courant"
qui recense tout ce qui est fabriqué par la maison Menier. On y trouve
principalement des produits destinés aux pharmaciens ainsi que des articles
de droguerie. La production chocolatière n'est encore mentionnée à cette
date que comme activité complémentaire. La quantité produite n'est alors
que de 2 tonnes par jour en France. Le véritable essor de l'entreprise
Menier date de 1852. Émile Justin Menier est en passe de devenir le nouvel
homme fort de la maison, il reprendra les mêmes principes édictés par
son père. Malgré son utilité et les frais considérables qu'il a nécessités,
l'auteur ne le vend pas, il le donne...à ses commettants.Le "catalogue
prix courant" de 1854 comporte les mêmes produits que les
éditions précédentes. Mais les temps changent, si Jean-Antoine Brutus
fit passer la pharmacie du stade des préparations magistrales à l'industrialisation
des procédés, Émile Justin exploite au maximum le potentiel existant et
insuffle la modernité dans ses établissements grâce aux grands esprits
auxquels il fait appel. C'est à partir de ces mêmes années que Noisiel
bénéficie d'une politique de modernisation et de mécanisation au service
de la fabrication du chocolat de consommation.
PUBLICATIONS UTILES.
Catalogue commercial, ou prix courant général des drogues simples, des produits pharmaceutiques et chimiques, des plantes médicinales, des médicaments spéciaux et homéopathiques, des instruments de pharmacie, de chirurgie, de chimie, de physique, et tout autres articles et appareils scientifiques et industriels a l'usage de la pharmacie et de la médecine par M. Ménier, pharmacien droguiste. Le titre seul de cet ouvrage fait connaître son utilité et son indispensabilité dans les officines. En effet, il peut servir de guide au pharmacien pour la connaissance des prix moyens non seulement des objets de droguerie et de pharmacie, mais encore de la plupart des matières commerciales. La connaissance des prix des appareils et d'instruments de toute nature peut mettre le pharmacien à même de répondre sur ce prix, et de faire des fournitures qu'il n'aurait pu faire s'il eût ignoré le prix des objets dont le prix lui était demandé.
Ce volume est terminé par une table des matières qui permet au lecteur de se renseigner sur la partie du livre dans laquelle il doit aller puiser les renseignements dont il a besoin. On voit que le catalogue commercial publié par M. Ménier est un livre qui doit être constamment consulté. En effet, on y trouve des renseignements sur les prix de presque tous les objets employés en pharmacie, dans les sciences, dans les arts et dans l'industrie ; renseignements qui, sans ce livre, ne pourraient être obtenus qu'avec difficulté et après des démarches nombreuses, souvent faites avec inutilité. (A Chevallier)
Compte-Rendu
des résultats du 1er inventaire de 1835 par Antoine Brutus Menier à ses
commanditaires.
Extrait :
"Quelques satisfactions que puisse être un pareil résultat, le but que
je me suis proposé n'était pas encore atteint puisque mes efforts ont
toujours tendu à amener la vente annuelle à 1 200 000 Frs et j'ai enfin
la satisfaction de vous annoncer que les ventes d'octobre et les demandes
que j'ai en ce moment à remplir, me laissent l'espérance d'arriver à ce
chiffre. Les ventes de ce trimestre se sont élevées à 307 047 Frs, elles
ont dépassé de 34 327 Frs celles du trimestre le plus élevé et de 78.743
Frs celles des trois mois correspondants".
Plaque
émaillée anglaise de Imperial Enamel Co, Birmingham, vers 1910.
Les
Allemands dans leur œuvre de germanisation avaient donc à lutter contre
les souvenirs de la guerre, contre une crise économique doublée d'une
crise morale atteignant l'âme alsacienne dans ses replis les plus intimes.
Ils ont encore aggravé leur situation par des vexations de tout genre,
qui auraient brisé des volontés moins bien trompées que celles des Alsaciens.
A la suite des élections de 1887, l'opinion se surexcita, et la terreur
fut décrétée. On vota la loi des maires, on commença la persécution contre
tout ce qui rappelait la France. Les chants séditieux, comme la Marseillaise,
furent punis de 400 marks d'amende et parfois de deux ans de prison. La
guerre fut déclarée à la langue française. Les enseignes, étiquettes,
marquées de cette tare, furent prohibées sauf quelques réserves ; le chocolat
Menier fut arrêté à la frontière.
Fac-similé
du Carnet de notes de M. Marcelin Berthelot.
M. Delépine, Professeur au Collège de France et Membre de l'Institut qui
occupait la chaire de Chimie organique et qui fut autrefois celle du chimiste
Marcelin Berthelot déposa sur le bureau de l'Académie, pour les Archives,
un cahier de notes de laboratoire ayant appartenu à Marcelin Berthelot.
L'intérêt de ce cahier, c'est qu'il se rapportait à une période peu connue
de l'activité de Berthelot, celle où il dirigeait et contrôlait les fabrications
chimiques de la Maison Menier, à Noisiel. Cette période s'étendait du
26 octobre 1860 au 23 mai 1863, d'après les inscriptions portées par Berthelot
même sur son cahier. Gaston Menier sénateur a fait reproduire d'une façon
parfaite ces pages de Berthelot dans une plaquette qu'il a offerte à la
Bibliothèque de l'académie de sciences.
"Mon père (Emile-Justin) avait ouvert ses laboratoires aux grands
chimistes d'alors, les Frémy, Balard, Sainte-Claire Deville, Laurent,
Würtz, Gréhant, etc., qui avaient toujours trouvé à Noisiel les éléments
nécessaires aux travaux et recherches qu'ils effectuaient. C'est alors
que mon père, en 1860, avait obtenu le concours et le contrôle du jeune
et déjà illustre Marcelin Berthelot qui poursuivait à Noisiel ses travaux
de chimie synthétique avec un vif succès. Sur le cahier de notes, Marcelin
Berthelot notait presque au jour le jour ses importantes recherches et
travaux sur les produits synthétiques et entr’autres, on remarquera, à
la date du 31 janvier 1862, la mention : "Synthèse de l'alcool" qui consacrait,
comme on le sait, une des grandes découvertes de la chimie moderne."
(Souvenirs de Gaston Menier 8 Octobre, 1934)
Deux livrets manuscrits rédigés dans les années 1930 par Louis Logre qui fut, avec son père Jules Logre, architecte à l'usine Menier. Louis Logre fut également l'architecte en 1885 des réfectoires pour les ouvriers de l'usine Menier au cœur de la cité. La décision de restauration en 2017 des anciens réfectoires devrait permettre à cet espace patrimonial de retrouver son lustre et une fonction culturelle. Deux productions littéraires conséquentes avec de nombreux clichés photographiques, la première retrace la généalogie de la famille Menier, la seconde descrit de manière détaillée le château du duc de Levis racheté par la famille Menier au cœur du parc de Noisiel.
Avant la loi du 23 juin 1857, pas de législation spéciale concernant les marques de fabrique. Chaque commerçant apposait sur ses produits la marque qu'il souhaitait. Pour qu'il y est contrefaçon avérée, il fallait au préalable déposer la Marque suivant l'article 18 du décret du 22 germinal an XI, au Greffe du Tribunal de Commerce d'où relève le chef-lieu de la manufacture ou de l'atelier. La propriété de la marque était effective dès lors que celle-ci fut utilisée de manière courante. C'est le 2 août 1849 que Jean-Antoine-Brutus fit acte de dépôt de sa marque. Il mandata pour cette opération M. Simon-Antoine Neyroux. Par ce geste, il figeât dans les esprits les contours de ce qui deviendra un objet de détournement pour bon nombre de contrefacteurs.
CROISIÈRE DU STEAM-YACHT ARIANE SUR LES COTES DE NORVÈGE, DE SUÈDE ET DE DANEMARK
L'Ariane
est le yacht qui a conduit en 1902 M. Waldeck-Rousseau en Suède, Norvège
et Danemark. Passionné de peinture,ses
aquarelles remarquables illustrèrent le livre consacré par Gaston Menier
à cette croisière en Norvège qui fut pour Waldeck-Rousseau de grandes
vacances et un repos bien mérité pour l'homme d'état qu'il était. Mais
l'événement le plus important fut la fameuse entrevue de Bergen entre
Gaston Menier convié à la table de l'empereur d'Allemagne : Guillaume
II, à bord de son vaisseau impérial, le Hambourg.
"Le dîner à bord du Hambourg fut d'une cordialité exquise. L'Empereur attendait ses hôtes à l'entrée d'un petit salon fleuri, et il offrit des bouquets d'admirables orchidées à Mme Georges Menier et à Mme Journet. Présentations, puis dîner servis militairement par des marins, sous la direction d'un maître d'hôtel en habit. Menu allemand, avec confitures, salades et marmelades traditionnelles, et musique française."
Pendant
cette croisière Gaston Menier rédigea également au jour le jour,
un recit de voyage qui retraçait la cordiale et charmante intimité
des passagers de cette croisière. Faisant route vers le Nord, le yacht
avait à son bord: Mme Waldeck-Rousseau, M. Fernand Crouan, Mlle Marie
Crouan, Mme Raffard, belle-sœur de M. Gaston Menier, et le docteur Paul
Barbarin, ancien interne des hôpitaux. Le samedi 28 juin 1902 à deux heures
de l'après-midi, par une pluie qui força les passagers à rester
à bord, concert et revue furent improvisés par les invités. De cette improvisation,
une pièce de théâtre en 2 actes verra le jour et sera figée pour l'éternité
sur papier avec comme titre " la Revue du Cercle Polaire " et jouée officiellement
le 5 juillet. Ouvrage dédicacé par Gaston Menier :
"A Madame Waldeck-Rousseau en souvenir des quelques bonnes heures
de traversée à bord de l'Ariane."
CROISIÈRE
DU STEAM-YACHT ARIANE SUR LES COTES DE NORVÈGE, DE SUÈDE
ET DE DANEMARK
ANNEXE : REVUE DU CERCLE POLAIRE
Si la croisière a largement été commentée par les journaux en son temps,
ce qui ne l'a pas été ce sont des extraits de la revue donnée sur l'Ariane
pendant la traversée; cet opuscule est donc un rare témoignage des réjouissantes
théâtrales qu'appréciait Gaston Menier en amateur éclairé.
LES MENIER VENEURS Tous les ans, Gaston Menier aimait clore la saison de chasse à Villers-Cotterets en apothéose par une curée aux flambeaux dans la cour de la vènerie. Ala tombée de la nuit, un superbe six cors avait été rapporté de la forêt. On l'avait écorché à l'abri des curieux, sa tête et sa peau, appelé également "nappe", avaient été soigneusement mises de côté. Le piqueux ordonna à un valet de désarticuler la jambe avant-droite de l'animal et de torsader la peau, puis il accrocha cette relique aux manches de sa dague glissée dans le ceinturon de sa tunique. Gaston Menier et une dizaine de "boutons" se tenaient à l'intérieur du cercle des flambeaux vêtus de vestes rouges ornées de galons d'or, de culottes bleu-roi, de hautes bottes de cuir noir. Un homme, les jambes écartés au-dessus de la "nappe", maintenait les bois de la tête du cerf. Le piqueux, les valets de chiens, de veneurs, semblaient en faction derrière leur souverain. Ils entamèrent les fanfares de la curée, puis le piqueux mis sa trompe en sautoir et s'avança vers Gaston Menier. Il enleva de sa dague la jambe et la peau torsadée, s'inclina devant Georges Menier. D'une main il ôta sa cape bleue, de l'autre il présenta le "pied d'honneur". Gaston Menier le conduisit auprès d'une invitée de son choix à laquelle il l'invita à faire les honneurs du pied, lui offrant ainsi le sacrifice de l'animal. Selon le rite, aucune parole n'était prononcée, sauf le "merci" du récipiendaire. "La cour des maîtres" de René Lucot |
LES CÂBLES TÉLÉGRAPHIQUES
Voici
la section d'un câble télégraphique sous-marin de l'usine Rattier-Menier
de 1895. Un conducteur central en cuivre de 2,5 mm² est recouvert par
12 conducteurs de même matière de 0.6 mm². Cette partie est isolée par
de la gutta-percha et forme l'âme du câble, partie conductrice diffusant
le signal. L'âme est protégée par une enveloppe de chanvre qui devait
être imbibée de poix, de goudron, d'huile ou de suif. 15 Brins d'acier
disposés en hélice servent de protection mécanique et de tenseur, ils
sont également recouverts de gutta-percha et terminent l'ensemble.
Le
Monde n'en saura rien, aimable comédie en deux actes de 1907, de M. Gaston
Menier, représentée dans la salle des fêtes de son hôtel 61 rue de Monceau.
La première lecture a eu lieu, samedi 13 février 1904. Les rôles sont
tenus par Mmes Marie Leconte, Cécile Sorel, de la Comédie Française, MM.
Signoret, Mosnier et Tunc, du théâtre Antoine et Mlle Blanche Pierson
pour la mise en scène.
Quelques rares spectateurs privilégiés ont leur place déjà marquée dans
les salons de l'hôtel, de la rue de Monceau pour une unique représentation
privée : Adrien Hébrard journaliste, Paul Hervieu romancier, Michel Carré
auteur, Henri Menier et des notabilités du monde de la politique venues
pour fêter les débuts dramatiques du député de Seine-et-Marne.
Et Gaston Menier de préciser : "L'été dernier, en juillet, pendant mes vacances à Rentilly, je me suis amusé à développer sous forme dramatique une idée que j'avais trouvée plaisante. Elle m'avait été inspirée par quelques cas assez fréquents de divorce et non par un cas spécial observé autour de moi, ainsi qu'on l'a dit. Il s'agit d'un jeune ménage qui s'est marié à la légère, dans le feu de la passion, sans examiner de trop près les clauses, du contrat et les conditions matérielles de. Son union. Les deux tourtereaux s'aperçoivent, mais un peu tard, qu'ils possèdent un bien dotal dont ils ne peuvent jouir qu'à la condition de rompre le mariage. Il faut qu'ils divorcent, presque au lendemain de leurs noces, s'ils veulent profiter de leur fortune. Ils s'entendent pour divorcer à l'amiable ; ils ne se sépareront que pour mieux se rapprocher. Ils deviendront ainsi des amants légitimes, de par la volonté du Code. Le sujet m'a séduit ; je l'ai traité avec un vif plaisir J'ai passé dos heures très agréables à l'écrire et j'ai mis environ un mois à achever ses deux actes. Le titre ? Le monde n'en saura rien. Des amis à qui j'ai lu cette comédie sans prétention l'ont jugée, amusante et gaie, et m'ont engagé. à la faire représenter. Devant leurs instances, je m'y suis enfin décidé".
La
chocolaterie, le château Menier en 1899 photographiés par le commandant
HIRSCHAUER depuis un ballon à la Hauteur de 900 M. Auguste-Edouard Hirschauer
Polytechnicien en 1876, il débuta sa carrière militaire en 1881 dans le
Sud Oranais. Reçu à l'Ecole de Guerre en 1889, il entra en 1898 au service
d'aérostation de l'Armée et en devint le chef en décembre 1909. Sur cette
photo apparait encore le grand
château dans le parc de Noisiel ; pas encore construits, la Cathédrale
et le pont hardi la reliant à la rive gauche de la marne.
Le
prince de Galles chasse à courre en forêt de Villers-Cotterêts. Avant
le départ de la chasse, de gauche à droite : (1) Hubert Menier, fils de
Georges ; (2) Jacques Menier, fils de Gaston Menier ; (3) Suzanne Broudehoux,
femme de Jacques ; (4) le Prince de Galles ; (5) Georges Menier, fils
de Gaston Menier ; (6) Simonne Legrand, femme de Georges Menier ; (7)
Gaston Menier, fils d'Emile Justin Menier ; (8) Claude Menier, fils de
Georges Menier.
Le prince de
Galles vient de participer à une chasse à courre en forêt de Retz, en
1924, Gaston Menier adresse au docteur Mouflier, une lettre qui est reproduite
en tête de la brochure faisant le récit de cette chasse. Elle débute ainsi
:
" Mon cher Maire,
Vous m'avez manifesté le désir de conserver dans la bibliothèque de la
ville de Villers-Cotterêts, le petit compte-rendu très familier et interne
que j'avais écrit pour rappeler à nos amis la chasse intéressante que
S.A.R. le prince de Galles avait bien voulu accepter de venir suivre avec
nous dans la forêt de Retz le 12 janvier 1924. C'est avec plaisir que
je vous envoie un exemplaire de ce très court opuscule." Le document contient
également une
copie de la lettre de remerciement reçue de l'ambassade
Britannique de la part du Prince de Galles.
Salon du château
de Rentilly; sur chevalet, peinture de François Flameng représentant Julie
Rodier, femme de Gaston Menier
En
Mai 1890 le château de Rentilly, possédant plusieurs grands salons, 22
appartements de maitre, un jardin d'hivers, de vastes communs, un vaste
parc dessiné par Le Nôtre, des arbres séculaires, une pièce d'eau, l'ensemble
sur 47 hectares clos est mis en vente aux enchères, la mise à prix est
de 700.000 Fr., le mobilier est également disponible pour 100.000 Fr.
Mais le château ne trouvera pas preneur, il sera de nouveau mis en vente
aux enchères en 1891 pour une somme de départ de 500.000 Fr. Finalement
Gaston Menier en deviendra propriétaire pour la modique somme de. 1700.000
Fr. en 1891.C'est au château de Rentilly, que Julie Rodier, épouse de
Gaston Ménier, donnera rendez-vous à de nombreux invités venus pour entendre
et jouer la comédie. Comédies, ballets et mimes exécutés au milieu d'un
grand luxe de mise en scène, de décors et de costumes.
LES OBSÈQUES D'ÉMILE JUSTIN MENIER
Héliogravure
de Paul Dujardin représentant une couronne mortuaire sculptée par Jean
Barnabé Amy, dédicacée au nom de l'ensemble du personnel des établissements
Menier : " A Madame E.Menier et à ses enfants. Hommage respectueux de
tout leur personnel, le 17 février 1881 ".
C'est aujourd'hui
samedi, à midi très précis, qu'auront lieu à l'église Saint Philippe-du-Roule
les obsèques de M. Emile Justin Menier, manufacturier, député de Seine-et-Marne,
officier de la Légion d'honneur, membre de la Chambre de Commerce de Paris,
décédé avant hier, à Noisiel, dans sa cinquante-cinquième année. Les employés
des Pompes funèbres ont commencé, hier soir, la décoration funèbre de
l'hôtel de l'avenue Van Dyck, n° 5, qu'habitait M. Menier lorsqu'il était
à Paris. Cette décoration consiste en une façade monumentale, de la hauteur
de deux étages, partant du grand vestibule d'honneur et empiétant largement
sur la cour. Construite en forme de pourtour, cette annexe de l'hôtel
facilitera la circulation des invités montant ou descendant l'escalier
qui conduit au vestibule. C'est dans ce vestibule entièrement tendu de
noir et transformé en chapelle ardente, éclairé de candélabres et de torchères
que sera exposé ce matin le cercueil de M. Menier. Deux salons, l'un à
droite et l'autre à gauche, seront mis à la disposition des invités pour
attendre l'heure du départ du cortège. Le corps du défunt a été mis en
bière hier soir à NoisieL. Il arrivera à Paris dans la nuit et sera transporté
aujourd'hui à la première heure à l'hôtel du Parc Monceau. Le convoi se
composera d'un corbillard à quatre chevaux empanachés, et de quatorze
berlines ou voitures de deuil. Le corbillard sera décoré de trente-quatre
écussons à l'initiale M. En tête du cortège marcheront quatre maîtres
des cérémonies, suivis d'un officier en manteau, porteur des décorations
du défunt. A l'église Saint-Philippe-du-Roule entièrement tendue de noir
à l'intérieur, les draperies seront rehaussées par quatorze écussons à
la lettre M, quatre autres écussons décoreront en outre le catafalque.
A l'extérieur, le portail sera enveloppé de tentures noires surmontées
de trois écussons du même genre. Après la cérémonie religieuse qui durera
une heure au moins, le convoi se dirigera vers le cimetière du Père-Lachaise
où l'inhumation aura lieu dans le caveau de la famille Menier. (Le Figaro
du 19-02-1881).
A partir de ce jour, la cloche du l'usine de Noisiel annonçant l'entrée
et la sortie du personnel resta muette.
LE TRAIN FRANCO-CANADIEN 1920-1921
"Messieurs, j'ai eu l'honneur d'être président du comité d'organisation du train-exposition de France-Canada, créé avec tant de succès, il y a deux ans, et, j'ai encore le souvenir de l'accueil enthousiaste que nous avons reçu des Canadiens lorsque ce train canadien, construit spécialement par la Canadian Pacific, chargé de produits français, parcourut ce grand pays. Aujourd'hui nous avons l'occasion d'offrir en échange, au Canada, une exposition analogue à celle dont nous avons été gratifiés par ses soins.
Là-bas,
nous avons été accueillis avec toute la générosité susceptible de favoriser
l'exécution de notre projet. Nous avons eu, sous la puissante égide de
M. le sénateur Beaubien, l'apôtre de cette idée, le concours des grandes
compagnies de chemins de fer, des membres du gouvernement, des universités
commerciales et lorsque le train portant des produits français et pavoisé
des couleurs françaises eut accompli son circuit autour du Canada, lorsqu'il
eut, appuyé par des conférences et des cinémas, visité cinquante-deux
villes, il est revenu à Montréal.
Là, sur l'invitation
de M. Daoust, président de l'institut des hautes études commerciales,
dans le palais de cette création véritablement admirable, élevé à Montréal
par le commerce canadien, nous avons été accueillis avec la plus touchante
sollicitude. Nos produits ont été placés dans un immense hall où ils ont
donné lieu à une exposition fixe, complétant l'exposition circulante.
Cette démonstration en faveur des produits français a attiré une foule
considérable ; on estime à plus de 350,000 le nombre de personnes qui
ont visité le train.
Aujourd'hui,
en donnant au Canada la formelle assurance que nous voudrons, par réciprocité,
permettre ainsi de faire connaitre à notre tour en France les produits
canadiens dont beaucoup complètent les nôtres, nous allons au-devant des
vœux de ceux qui veulent avec ce grand pays non pas seulement une alliance
de cœur, mais aussi une alliance d'intérêts. Les accords commerciaux,
soumis à l'approbation du Parlement, en sont la preuve matérielle. Pouvons-nous
oublier qu'il y a là-bas, comme vous le savez, de nombreux descendants
de nos vieilles provinces françaises et que partout, au Canada, le symbole
de la France est acclamé.
Nous avons
vu les fils du Canada venir confondre leur sang avec celui de nos enfants
sur les champs de bataille de la dernière guerre. Ils sont accourus à
notre aide contre l'envahisseur et se sont fait tuer avec la plus grande
bravoure au champ d'honneur et je salue en passant le fils de l'honorable
M. Lemieux, président de la Chambre des communes du Canada, tombé à vingt
et un ans sur la côte de Vimy ; nous avons vu particulièrement l'héroïque
conduite du 22° bataillon canadien ayant à sa tête le général Tremblay
s'illustrer dans l'Artois et tant d'autres ! L'occasion nous est offerte
aujourd'hui de montrer que nous conservons plus que jamais le souvenir
de ce glorieux passé et que nous sommes heureux d'apporter à notre tour,
une fois de plus à cette occasion, l'expression des sentiments généreux
et toujours vivants qui animent la France à l'égard de ce grand pays et
de rendre ainsi plus étroits les liens qui nous unissent à lui."
SENAT, séance du 29 mars 1923 M. Gaston Menier.
Oeuvre originale offerte
à Mr Gaston Menier par le COMITÉ FRANÇAIS
DES EXPOSITIONS
et le COMITÉ D'ORGANISATION DU TRAIN FRANCO-CANADIEN.
En 1923 une reproduction en taille réduite fut réalisée.
CODOS ET ROBIDA A L'AÉRO-CLUB DE FRANCE
Le
24 janvier 1932 Cados et Robida ont atterri au Bourget après avoir accompli
un vol de 11,000 kilomètres en trois jours, cinq heures 40 minutes, battant
ainsi de trente heures vingt minutes le reccord de Cosles, revenu d'Hanoi
à Paris en quatres jours et douze heures. Les aviateurs français ont été
reçus à l'Aéro Club de France, par M. Soreau, vice-président, qui prononça
une courte allocution au nom de l'Aéro-Club. Mr Chaumié, directeur de
l'aéronautique marchande, représentant le ministre de l'Air, félicita
les deux aviateurs au nom du gouvernement et traça en un rapide exposé
les progrès accomplis par l'aviation française. Des coupes de champagne
furent vidées après que Mr Bréguet et Mr Lacoste, constructeurs de l'avion
et du moteur, eurent à leur tour félicité Mr Codos et Mr Robida.
(1) Mr Chaumié, représentant le ministre de l'Air, (2)
Mr Codos, (3) Mr Soreau, (4) Mr Robida, (5) le maréchal
Franchet d'Espèrey, (6) le colonel Renard, (7) Mr Bréguet
et (8) Mr Gaston Menier, (9) Mr Jean-Jules Lacoste.
ÉVOLUTION GRAPHIQUE 1930
Une réactualisation par EDIA (Etablissements Lévy et Neurdein réunis) de la fillette de Bouisset s'effectue en 1930 au moment du lancement d'un nouveau produit en pleine vogue "Arts Déco". Le cahier des charges imposé au graphiste (pseudonyme O.GUS) par Menier stipule une continuité dans le personnage et son expression. Quant à la stylisation de l'affiche, elle trahit l'influence des maîtres du moment. Géométrisation des formes composée principalement d'aplats largement colorés et de quelques touches d'aérographes. Les cheveux [coupe Channel ou garçonne) et la jupe sont courts, un simple corsage blanc remplace corsage et caraco,l'allure est sportive, le mouvement plus libre.Les accessoires sont toujours là. Ce nouvel avatar fut utilisé pendant une dizaine d'années par Vic, Henchoz et Sendraf, des illustrateurs moins talentueux, qui réalisèrent des publicités figuratives pour la presse illustrée
ÉVOLUTION GRAPHIQUE 1950
En 1948, une nouvelle version néo-réaliste est donnée par William Péra de la "petite fille Menier", création très américanisée, qui devient blonde et semble esquisser un pas de bebop dans sa jupette à larges plis. Mais sa durée de vie sera éphémère car, dès le milieu des années 50, la direction prenait conscience du fait que ce personnage-type constituait en réalité une entrave à la définition d'une image de marque renouvelée, tournée vers les chocolats fins et non plus vers ce bon vieux chocolat dit de santé qui avait conquis tous les foyers depuis la fin du siècle précédent.
TYRA SEILLIERE
Madame
Hélène Thyra Seillière (l'élégante brune à droite), fille
du baron Raymond Seillière et de la baronne d'Orzegowska. Première rencontre
avec Henri Menier vers 1897, elle est alors âgée de 17 ans. A cette époque,
Mathilde Heintz
est la compagne d'Henri Menier mais non son épouse. Elle demeure à Paris,
8 rue Alfred-de-Vigny, où elle décédera le 24 février 1910. Thyra Seillière
sera la femme d'Henri Menier en Juillet 1911 jusqu’à la mort de ce dernier
en 1913 .
Extrait du film "J'ai tué !" de Roger Lion 1924, Richard-Pierre Bodin
producteur et mari de Thyra Seillière dont la société de production
s'appelle "Thyra Film". Version reconstituée en 1990 par Renée Lichtig,
plus d'informations sur :
les films perdus
J'ai tué.. (critique "le Candide" 1925). Sessue Hayakawa, qui est venu se réfugier en France parce qu'il n'avait plus en Amérique son prodigieux succès d'autrefois, a tourné un film drainatique en collaboration avec Roger Lion. Cela n'alla pas sans mal,chacun donnant son avis. Le pauvre Roger Lion subit un bon nombre d'humiliations :l artiste japonais se lançait dans des colères terribles chaque fois que Fon osait discuter ses ordres. On espérait que le film aurait à la fois les qualités des films français et celle des films américains. Il n'en a que les défauts. Curieuse histoire vraiment que celle d'une femme du monde qui consent à se montrer publiquement en compagnie d'un aventurier qui fut son amant et d'une fille plus qu'équivoque! Non moins curieux ce Japonais qui débarque en France sans motif et en repart précisément au moment où celle qu'il aime a besoin de lui. Ce mélo ou plus exactement ce méli-mélo n'a pas trouvé un public très enthousiaste. Richard-Pierre Bodin, producer du film, n'avait pourtant pas lésiné pour sa confection.. Il payait un cachet de 1.000 fr. par jour à Mme Huguette Duflos et le double à Sessue Hayakawa. La France est décidément en progrès. Ses films commencent à devenir aussi chers et aussi mauvais qu'en Amérique.
Oui, j’ai aimé
En 1943 Thyra Seillière fait ses débuts dans les lettres. Thyra Seillière, après avoir beaucoup vécu, a atteint l'âge des souvenirs : elle les publie, avec une certaine franchise, sous un titre qui a le mérite de bien dire ce qu'il veut dire : Oui, j'ai aimé, affirme péremptoirement cette nouvelle mémorialiste. Cousine du baron Seillière, de l'Académie des Sciences morales, elle est la nièce de feu la princesse de Sagan, duchesse de Talleyrand, et elle eut pour tuteurs Antony Ratier, qui fut garde des Sceaux et le général Henrion Berthier, qui fut maire de Neuilly. Beaucoup d'hommes dans les souvenirs de Mme Thyra Seillière, tous sont morts, et depuis longtemps. L'indiscrétion de l'auteur n'est plus de la médisance, c'est tout au plus une petite violation de sépultures. Un retour de flamme.
Thyra Seillière, jeune fille du monde mai sans fortune, se préparait pour l'Opéra, quand le premier mari se présenta en 1911. Ce quinquagénaire se présentait bien ; il était l'un des hommes les plus riches du monde : Henri Menier fabriquait ce fameux chocolat, " le seul qui blanchisse en vieillissant ". Thyra Seillière joua, au naturel, la petite Chocolatière. Un rôle en or, Henri Menier possédait, en forêt de Villers- Cotterêts, un équipage réputé, deux yachts, l'Almée, de 250 tonneaux, la Bacchante de 1.000 tonneaux dont l'équipage comptait 60 matelots et qui reçut Guillaume II aux régates de Kiel, et des châteaux un peu partout. La vie de la jeune Mme Henri Menier se passait en chasses à courre, en croisières, en séjours enchantés dans les magnifiques résidences d'Henri Menier à Villers-Cotterêts, à Vauréal, et à Cannes, où l'industriel avait fait construire sur un rocher une villa à l'italienne, meublée de pièces de musée.
Un jour, pour sa fête, Henri Menier fit à sa jeune femme un cadeau peu banal : J'ai acheté pour vous, lui dit-il, le château de Chenonceau ! Et, comme Thyra se récriait, il ajouta : En vous offrant Chenonceau, en donnant pour cadre à votre chère présence ces vieilles pierres royales magnifiées par tant de prestigieux souvenirs, j'ai voulu vous rendre l'hommage que les châtelains de la Renaissance offraient à la dame de leurs pensées. Ce galant chocolatier traitait sa femme comme les rois leurs maîtresses. Il fit mieux, II lui offrit une ile. Une île de 250 kilomètres de long, à l'embouchure du Saint- Laurent. Louis XIV l'avait offerte à Louis Jolliet, le fameux explorateur. Henri Menier l'offrit à sa femme. C'était une île déserte ; il en fit un royaume, avec des villages, une route, un chemin de fer, des abattoirs, des usines, un hôpital et une église pour laquelle il avait signé un concordat avec le pape. La châtelaine de Chenonceau devenait reine d'Anticosti. Après quoi Henri Menier mourut en 1913. Ce fut son troisième cadeau. Fichu cadeau. Le beau rêve se termina dans un cauchemar de procès en succession qui firent grand bruit dans le monde judiciaire et ne laissèrent à Thyra Menier qu'une faible partie de la fabuleuse fortune dont elle avait eu la jouissance. Dans les années qui suivirent.
Thyra Seillière fut la muse d'un grand poète dont elle laisse deviner le nom et qui mourut prématurément pour avoir abusé des paradis artificiels ; puis elle devint l'Egérie d'un grand homme d'Etat, Aristide Briand. Après ces tendres et idéales excursions dans la poésie et la politique, Thyra Seillière revint à ses premières amours. Elle se remaria, dans l'alimentation. En 1917, elle épousait un des hommes les plus riches de Russie, le Biélorusse Pierre de Elisseieff. La révolution d'octobre éclatait, Pierre de Elisseieff, bien que sa tête y fût mise à prix, partit pour Saint-Pétersbourg pour récupérer ses biens confisqués par les communistes. Mais à son retour il mourut à Helsinki dans des conditions qui n'ont jamais pu être élucidées. Veuve pour la deuxième fois, Thyra Seillière en 1924, se mariait de nouveau. Cette fois avec un jeune journaliste d'une beauté insolente, Richard-Pierre Bodin. Leur union fut plus brève encore. Un matin, on trouva Richard-Pierre Bodin sans vie dans un meublé sordide du faubourg Saint-Martin. Avec une vie si mouvementée, Mme Thyra Seillière aurait pu écrire un conte de fées, deux ou trois romans, mais avec cet ouvrage Thyra Seillière s'est contentée de faire une fin. En 250 pages, elle dresse quelque chose comme un bilan, avant liquidation. (Critique inconnu)
EX-LIBRIS
Vu
son expérience dans la papeterie et la gravure ainsi que de ses liens
avec les hommes de lettres, la Maison Maquet fournit à sa clientèle des
ex-libris personnalisés, répondant ainsi aux attentes des bibliophiles
passionnés. Ex-libris monogrammé THM et affichant la devise suivante :
Faire mon devoir. Le livre présenté sous le lien est dédicacé par Henry
Bataille, à l'intention d'Henri Menier : " A Mr Henri Menier, sympathique
hommage, pour remplacer la carte postale ; Vivières 1912. " Le célèbre
dramaturge possédait un château acquit en 1910 proche de Villers Cotterêts,
terrain de chasse de la fratrie Menier, qui ne pouvait ignorer une telle
promiscuité; Henry Bataille était donc un " voisin de forêt ".
Au-delà d'une possible relation de classe, l'influence du poète et penseur,
sur la réflexion de Thyra Seillière, est bien réelle, un commerce spirituel
s'institua entre Henry Bataille et Thyra Seillière. Cette fusion spirituelle
apparait dans son ouvrage : L'intelligence du cœur, " Je me suis inspirée
de ces lignes écrites par Henry Bataille, en 1917, durant les jours les
plus sombres de l'autre guerre. " // " Henry Bataille avait raison. Une
simple vérité suffit parfois à changer une existence. " Connais-toi toi-même
", disait le sage antique. Se connaître soi-même, c'est se connaître dans
le passé, le présent et l'avenir. " La vierge folle (pièce en 4 actes,
représentée pour la première fois au le Théâtre du Gymnase le 25 février
1910) est donc un ouvrage issu de la bibliothèque personnelle de Thyra
Seillière : édition originale, reliure en demi basane marbrée caramel,
dos à cinq nerfs, orné de doubles caissons dorés et décorés de motifs
floraux dorés.
Les régates de la Société
Nautique de Lagny le 26 Mai 1935.
Dès la création de cette Société en 1905, la présidence d'honneur est confiée à Gaston Menier, Jacques Menier en sera le Président d'honneur puis vice-Président quelques années plus tard. Dès 1910 Gaston Menier signalait l'importance progressive prise par la société nautique de Lagny et l'affluence des touristes qu'elle provoquait dans la région de par l'organisation de croisières sur la Marne et de manifestations nautiques, Il insista donc pour que le Conseil général lui donne une marque de sympathie en lui allouant 100 Fr. En cet après-midi du 26 mai, Les régates annuelles de la Société nautique de Lagny ont eu lieu dans le bassin de Dampmard. C'est au cours de cette manifestation nautique qu'à été disputé le challenge Jacques Menier. Ce challenge est attribué pour un an à la Société participant aux quatre épreuves de skiff et qui totalisera le plus de points. Challenge qui sera définitivement acquis par la Société qui l'aura remporté trois fois consécutivement ou cinq fois non consécutivement. Ce critérium de vitesse comporte quatre épreuves de skiff dont voici les détails et vainqueurs.
1-Skiff
pour sculleur n'ayant Jamais disputé une épreuve en skiff), distance 600
mètres : Union sportive du Métro, Vinson.
2-Skiff Junior, distance 1.200 m : Union sportive du Métro, Vinson.
3-Skiff députant 600 mètres : Union sportive du Métro, Vinson.
4-Skiff (senior) 600 mètres : Société nautique de Lagny, Saurin.
A l'exposition coloniale de 1931 Gaston Menier assurait un service de voitures attelées par des ânes pour le transport des visiteurs dans l'enceinte de l'Exposition, cette disposition aurait grandement pu satisfaire la jeune population organisée en caravanes d'enfants par la ville de Paris. Mais Paris déclina l'offre généreuse de Gaston Menier ; ce qui n'empêcha pas ce dernier de régaler les jeunes seine-et-marnais, accompagnés de leurs instituteurs, avec des gouters composés d'une ou deux tasses de chocolat, de brioches chaudes et d'eau minérale. Le soir venu, ces jeunes visiteurs embarquaient à 19 heures à la gare de Reuilly, dans des trains spéciaux affrétés par la Compagnie des Chemins de fer de l'Est pour rejoindre leur foyer.
Le pavillon Menier, situé sur la rive sud du lac Daumesnil, était confortable et très élégant ; le public bourgeois parisien, assez distingué, y trouvait, tables et chaises, service de qualité pour y consommer, pour 1 franc, un chocolat chaud de marque Jolta, nouvelle venue dans le catalogue prix courants de la maison Menier. Les collaborateurs gardaient de cet évènement, et en remerciement des services rendus, un joli médaillon émaillé. Plus de deux millions de personnes vinrent déguster les produits Menier. Inspirée par ce succès, la Maison Menier ouvrira quelque temps après, avenue des Champs-Elysées, un Salon de Dégustation. C'est là que les amateurs de chocolats pourront consommer, non seulement le chocolat à la tasse, mais encore les nombreuses variétés de chocolats à croquer, les Confiseries au Chocolat et notamment, la collection de boîtes et de coffrets destinés aux cadeaux de fin d'année.
Musette de ravitaillement
vers 1950
Aux contrôles de ravitaillement la musette de satinette jaune Chocolat Menier est aussitôt vidée de son contenu par le coureur qui place les bidons sur le guidon, les aliments dans les poches de son maillot, et la petite musette vide est alors abandonnée, car les coureurs n'aiment pas être gênés dans les entournures. Elle est généralement ramassée par un admirateur et devient alors un trophée célèbre que l'on se montre au village. Identifiée par le numéro de dossard 17, cette musette devait probablement appartenir à Stan Ockers, 2e du tour de France en 1950. Mais d'autres courses bénéficiaient des largesses de l'entreprise Menier, telle la course Paris-Nangis, ouverte aux amateurs, et offrant une prime de 300 frs ainsi que des musettes au départ de la course. Sans oublier une distribution de bonnets et chocolats à l'arrivée.
Le 25 septembre 1929, Henri Desgrange décrit dans L'Auto les grandes lignes de la vingt-quatrième édition du Tour de France. Celle-ci sera révolutionnaire. L'épreuve se disputera selon la formule des équipes nationales. Cinq formations de huit coureurs, sélectionnés par l'organisation, représenteront leur pays (France, Belgique, Italie, Espagne, Allemagne), le reste du peloton étant composé de touristes-routiers. Les vélos des coureurs des équipes nationales seront tous identiques, fournis par L'Auto et de couleur jaune. Néanmoins, Henri Desgrange, qui a jusque-là toujours soutenu l'idée d'une course " strictement individuelle ", inscrit dans le règlement une disposition ambiguë : "La course restera individuelle, mais l'esprit d'équipe sera toléré."
Avec ce système, Henri Desgrange pouvait craindre la réaction des marques de cycles, contraintes de s'effacer. En fait, ces dernières, touchées par la crise économique qui sévit en Europe, se réjouissent plutôt de voir l'organisateur du Tour prendre à sa charge tous les frais (vélos, hébergement, etc.). Pour financer l'épreuve, plusieurs mesures sont adoptées. La principale est la création de la caravane publicitaire, appelée à devenir un élément essentiel de la Grande Boucle au fil des ans ; le chocolat Menier, dont le chef de la publicité Paul Thévenin organise la distribution de bonnets et de tablettes avant le passage des coureurs, fournira la majorité des subsides. Par ailleurs, pour accueillir une étape, les villes devront désormais acquitter une redevance.
Trois mois avant le début du Tour, le service qui s'occupe de cette organisation commence son travail. Il lui faut d'abord répartir dans chacune de localités choisies comme lieu de contrôle, et il y en a 16 : 4.000 bananes pour les cyclistes, 1.100 musettes, 200 kilos de chocolat, 300 kilos de sucre, 100 kilos de pruneaux, 300 feuilles de papier sulfurisé, pas destiné à être mangé, mais simplement à envelopper les sandwiches. Ceci pour la nourriture non périssable. La nourriture périssable est achetée sur place. Elle est composée de viande, de fruits, et à propos de fruits, 6.000 bananes sont consommées par les coureurs durant le Tour de France. Les-six ravitailleurs voyagent par chemin de fer. Chaque musette remise aux coureurs contient : une tranche, soit de poulet, soit de veau, soit de jambon, un sandwich-confiture, des pruneaux, des bananes, un gâteau de riz, du sucre, une tablette de chocolat au lait. De plus, il est remis à chaque contrôle du thé, du café ou du chocolat. En outre, à chaque fin d'étape, il est fourni aux " touristes routiers " seulement un complément de ravitaillement : sandwich-confiture, tablettes de chocolat au lait. Ce ravitaillement coûte de 60 à 80.000 francs par épreuve.
Le Chocolat Menier, cette grande marque française à la tête de laquelle se trouve M. le sénateur Gaston Menier, est une des plus fidèles amies du Tour de France. Depuis que nous avons adopté la formule d'équipe nationale, c'est-à-dire depuis 1900, le Chocolat Menier n'a jamais manqué de ravitailler nos coureurs avec son chocolat universellement connu et apprécié ; Il ne se contente pas de distribuer à profusion ses exquis chocolats, il donne des bidons et musettes aux 80 sélectionnés garnies de ce bon chocolat qui, sous une forme réduite, contient une réserve de force telle qu'en croquer une simple tablette calme les crampes d'estomac les plus récalcitrantes. Mais Mr Gaston Menier, que secondent si admirablement son fils M. Jacques Menier et son petit-fils Mr Antoine Menier dans les somptueuses usines de Noisiel, ne veulent pas limiter leurs générosités aux dons en nature, ils tiennent à ce que de bonnes espèces viennent en plus faire sentir à nos champions toute la sympathie qu'ils ont pour eux.
Oui, le Chocolat Menier aime les p'tits, gars du Tour, comme dit la chanson officielle de notre épreuve, il aime surtout les grimpeurs, monteurs de cols et c'est à ceux-là que vont les 35.000 francs qu'il attribue chaque année à notre grande épreuve. (L'Auto-vélo 27e Tour de France 1933)
Boite métallique pour
vivres de réserve Chocolat Menier 1916, 1918
Ces boites correspondaient à la ration réglementaire en temps de guerre. Elles répondaient à la nécessité de doter les hommes de vivres de réserve individuels. Chaque homme possédait dans son havresac des vivres de réserve pour une durée de 2 jours constituées de : pain, sucre, café, potage, viande et 250 gr de chocolat ; le paquetage était complété de : gamelle, bidon, tente avec accessoires, capote ou veste, caleçon, chemise, guêtres de toile, bonnet, mouchoir, livret, Brosse à : chaussures, habit, fusil ; boîte à graisse, souliers, sous-pieds, savon.
Il était absolument interdit aux hommes d'entamer les vivres de réserve d'eux-mêmes. Elles n'étaient consommées que sur l'ordre du chef de corps ou du détachement lorsque tout autre mode d'alimentation était impossible. Elles étaient alors remplacées dans le plus bref délai. La quantité et la nature des vivres de réserve étaient modifiées au moment d'une attaque, quand on pouvait prévoit que les trains ne suivraient qu'avec d'assez longs retards. Sur un front stabilisé, des dépôts de vivres étaient organisés aux divers échelons, en prévision de bombardement intense ou d'encerclement. Le chocolat Menier faisait alors partie des interminables convois de ravitaillement que constituaient toutes les marques commerciales parisiennes.
Les troupes s'installent dans les tranchées, au fond de leurs abris. Un tir de barrage coupe toute communication entre les lignes. Les boyaux sont détruits, les tunnels sont obstrués, les ouvrages sont isolés complètement et n'ont plus, avec les autres fronts, que la liaison incertaine et fragile du téléphone. Il faut s'alimenter cependant, soit que l'on marche, soit que l'on s'immobilise. C'est alors que les hommes ont recours aux vivres de réserve : pain de guerre (galettes de biscuit), conserves de viande, potage salé, chocolat, sucre, café en tablettes. Il doit y avoir, en principe, deux jours de vivres dans le sac, et un jour dans la voiture de compagnie, si les troupes se déplacent, ou dans les dépôts de réserve de chaque compagnie (dans les abris mêmes du secteur) si les troupes restent dans leurs lignes. Ajoutons que l'entretien de ces vivres, dans certains centres très humides et infestés par les rats, qui pénètrent jusque dans les sacs des hommes, est particulièrement difficile, car le métal même des boites étanches, où l'on enferme pain, potage, sucre ou chocolat, finit, à la longue, par devenir poreux. Les officiers d'approvisionnement des corps doivent minutieusement veiller au remplacement des vivres avariés, ainsi qu'au bon entretien des points d'eau. Les Allemands joignent à leurs vivres de secteurs des caisses de bouteilles d'eau minérale dont la conservation est aisée et qui se manipulent et se déplacent aussi facilement que des boîtes de conserve. L'exemple pourrait être suivi. D'autre part, il ne serait pas très coûteux de défendre les vivres du sac contre les rats au moyen d'une légère enveloppe métallique. (La guerre Mondiale : 1917)
Quant au régime de la correspondance des prisonniers français, une seule lettre par mois, et une toute petite carte par semaine. Bien entendu, lettres et cartes lues par l'autorité allemande, qui supprimait le droit d'écrire aussitôt qu'une phrase lui déplaisait. Pour dire, la vérité, il fallait recourir aux subterfuges les plus ingénieux. L'un écrivait par exemple : " J'ai de mauvaises nouvelles à t'apprendre. Le capitaine Gaston Menier est mort, le commandant Painlevé est grièvement blessé, et le colonel Parmentier est moribond. " Cela voulait dire qu'il n'avait plus de chocolat (Menier) à manger ; que le pain et les pommes de terre commençaient à manquer.
En dehors des opérations militaires de nombreux régiments possédaient des salles de lecture et de jeux. En arrivant à la caserne les soldats y trouvaient un peu de ce qu'ils laissaient au pays, une sorte de foyer familial, un " Cercle pour le soldat ". Et Moyennant un prix minime, la coopérative distribuait du chocolat Menier, du lait, de la bière, du vin chaud, des boissons rafraîchissantes, du pain, de la charcuterie.
Cadre publicitaire
chocolat Gaston Menier
Création de la société en nom collectif des chocolats Gaston "Menier" le 13 août 1908 entre Gaston Menier et Alfred Labouesse. Ce Gaston Menier était étranger à l'industrie du chocolat, il résidait à Courpalay, loin du siège social parisien, où il exerçait sa profession de charpentier. Au terme du contrat liant les deux hommes, seul Labouesse assurait le fonctionnement de l'entreprise ; erreur fatale ! Car Labouesse avait commis l'ultime maladresse de laisser son coassocié continuer à travailler son bois, avouant ainsi le rôle de prête-nom auquel il se trouvait confiné. Gaston Menier, de Noisiel, entreprit les démarches nécessaires pour réduire à néant la tentative d'usurpation de son concurrent. La cour d'appel du 10 Juin 1910 ordonna donc la radiation de la société "Gaston Menier et Cie", la confiscation du matériel, et le versement d'une amende aux propriétaires de Noisiel.
En 1935, la MG N°4 de 750 cm3 monoplace type "R", à compresseur, quatre roues indépendantes et suspension par barres de torsion, était révolutionnaire pour l'époque, cette voiture détiendra le nouveau record à Montlhéry parcourant les 2. 947 km à la moyenne de 133 km/h. A noter que seules 10 voitures de ce modèle furent construites par la société M.G. qui les réservait à ses représentants officiels. Dès son apparition, cette voiture surclassait ses concurrents, notamment au Bol d'Or Automobile de 1935 en forêt de Saint-Germain-en-Laye.
L'écurie Jacques Menier, avec la la MG N°4, pilotée par Maillard-Brune, battit le record général de l'épreuve que détenait Cirean-Cabantous depuis 1930 avec 1.864 km. L'issue de la course est restée très improbable jusqu' à la dernière heure. Debille resta en tête de la 10e à la 20e heure, tandis que Foultier lui succédait. Maillard-Brune, handicapé au début par une mauvaise arrivée d'essence et le givrage de son carburateur, perdit 2 heures ; cependant, il remonta progressivement à vive allure et ce n'est qu'à neuf minutes avant la fin qu'il prit la tête pour terminer 1er en couvrant 108 kilomètres dans la dernière heure. Voiture décidemment la plus rapide, elle termina l'épreuve en parcourant 1.963 km.
LES MG DE L'ECURIE JACQUES MENIER
De 1934
à 1936, l'écurie Jacques Menier disposait de 5 MG.
(1) La J2 de Philippe Maillard-Brune qui
avait déjà disputé le bol d'or de 1933 et pilote officiel de l'écurie
; Charles Druck apporta son concours en solo et en co-pilote pour les
records d'endurance.
(2) La J4 de Philippe Maillard-Brune, châssis
J4008, 1er au bol d'or et abandon aux 24 heures du Mans de 1934 avec Druck.
(Voiture restaurée en Allemagne).
(3) La K3 de Philippe Maillard-Brune, châssis
K3029, 1er au bol d'or, aux 24 heures du Mans de 1935 avec Druck, 1er
au bol d'or de 1936. (Voiture démontée en Angleterre).
(4) La R monoplace de Philippe Maillard-Brune,
1er à la Coupe des petites cylindrées, 1er à la Coupe d'argent 1936 ;
voiture équipée du moteur Salmson, 8 cylindres par Eugène Martin. Châssis
et moteur réunis en Allemagne. (Voiture démontée).
(5) La J2+PA
avec respectivement un châssis 3176 et 1355 (d'origine).
Broche comémorative
(collection Saga Menier)
A
l'exposition universelle de 1900 une reconstitution d'un vaisseau de guerre
de la marine de Louis XIV a été présentée aux visiteurs.
Ce vaisseau se trouve dans l'ancienne galerie des machines, près de la
porte de l'avenue de la Bourdonnais. Il est armé et équipé avec sa voilure
et ses cordages. Le vaisseau est incomplet. La maison Menier, dont il
constitue l'exposition, n'ayant pu obtenir l'emplacement suffisant pour
édifier complètement ce navire a dû se borner à en reconstituer les parties
principales : l'avant avec son mât de beaupré et sa proue ornementée,
l'arrière qui se distingue par ses dimensions gigantesques et sa décoration
artistique. Dans la batterie haute du navire se trouvent des
fontaines automatiques à chocolat Menier distribuant du chocolat
chaud ou froid, gratuitement, pendant toute la durée de l'exposition.
Dans la soute du navire on assiste aux opérations de préparation des pâtes
du chocolat, quatre dioramas permettent de visualiser la division du travail
de l'industrie chocolatière de Noisiel jusqu'à l'empaquetage.Par convention
et à cause de l'effet décoratif qui était recherché, l'arrière a été rapproché
et placé sur l'avant ; sauf cette modification, chacune des parties du
navire est exacte en elle-même. Cet arrière caractérise les vaisseaux
de cette époque. On se préoccupait bien moins alors de la stabilité des
navires que de leur aspect décoratif. Ce vaisseau porte le nom de Triomphant.
Il a été reconstitué avec tous ses détails authentiques à l'aide de modèles
et de gravures découverts, après de patientes recherches, dans les archives
des arsenaux et chez des collectionneurs. Une inscription placée sur le
navire indique le motif de cette reconstitution:
Le vaisseau du Roy, le Triomphant Battant pavillon de l'amiral D'Estrées,
vainqueur de Tabago, revient à Brest avec l'Escadre le 10 octobre 1679
après avoir établi le commerce français aux Antilles. Il apporte au roi
Louis XIV Parmi de nombreux présents, Le chocolat préparé avec le cacao
provenant des premières plantations de la Martinique.
C'est pour la maison Menier un événement historique qui sera souligné
par la réalisation d'une broche commémorative à l'intention des
personnels des Usines Menier.
MONNAIE DE NÉCESSITE
Dès
le début des hostilités de la première guerre mondiale la crise monétaire
commence à sévir, très vite on constate la disparition des pièces de monnaie
par suite de la thésaurisation des espèces monnayées en or et en argent,
la collecte officielle de l'or et la réquisition des pièces de métal stratégique
comme le nickel. Cette raréfaction perturbe la vie familiale, collective,
industrielle et commerciale des provinces, touchant toutes les classes
de la population. Pour combler ce manque, des espèces de monnaies de nécessité
voient le jour, tels les " tickets-monnaie ", les " timbres-monnaie "
et les pièces aux formes et de matières les plus diverses, émises tant
par des particuliers (commerçants ou sociétés) que par les Chambres de
Commerce et les Municipalités ; la famille Menier ne restera pas inactive
et frappera sa propre monnaie. Cette dernière est fabriquée avec une matière
sans valeur en zinc, évidée pour économiser du métal, dont la valeur provisoire
sera bien supérieure à leur valeur réelle.
JETON DE RÉFECTOIRE
Les Menier de Noisiel ont créé au cœur de la cité, trois grands réfectoires : un pour les hommes, un autre pour les femmes, le troisième mixte, pour les ménages ; espaces qui accueillaient également les ouvriers qui habitaient les environs de : Champs sur marne, Lognes, Gournay, Torcy. On pouvait y apporter le matin sa nourriture, qui était tenue au chaud jusqu'à l'heure des repas. Les prix étaient très abordables, en 1914 les rations de viande étaient à 20 centimes, les légumes et les desserts à 10 centimes, le pain coûtait moins cher que chez le boulanger, le vin se vendait 10 centimes la 1/2 bouteille, mais on ne distribuait d'alcool sous aucune forme. Des jetons en Maillechort étaient proposés aux ouvriers, de 5, 10, 15, 25 centimes et défalqués du salaire. Muni de ces jetons, l'ouvrier pouvait bien aller prendre son repas matin et soir aux réfectoires de Noisiel, mais il ne pouvait pas payer dans les différents magasins d'approvisionnement, ou payer son propriétaire. Un caducée stylisé atteste d'une hygiène irréprochable et de produits de qualité proposés par les services de l'entreprise Menier.
OCTOBRE 1912, LA HAUSSE DU SUCRE
Une nouvelle affaire de spéculation, le commerce des sucres traverse, depuis une quinzaine de jours, une crise très grave, due à une nouvelle affaire de spéculation. Des spéculateurs peu scrupuleux ont fait acheter par des courtiers le stock disponible d'août et de septembre, soit environ 200.000 sacs, et comme la fabrication du nouveau sucre commence à peine, ils se sont rendus maîtres du marché, si bien que le cours du sucre disponible est monté samedi à 48 francs, alors que le livrable de la nouvelle récolte reste coté à 30 francs 25. M. Gaston Menier, sénateur, président de la 14 Chambre syndicale des Chocolatiers et confiseurs, s'est rendu hier au ministère de la justice pour exposer à M. Briand la situation intolérable du marché des sucres. Le garde des sceaux a répondu à M. Menier qu'il allait saisir le procureur général et réclamer l'ouverture d'une instruction. Il n'y a guère que le commerce de détail qui soit à peu près épargné, car la hausse ne s'applique qu'au sucre brut et cristallisé ; le raffiné n'a subi qu'une légère augmentation. En résumé, la situation est des plus graves. La Chambre syndicale déplore ces procédés qui jettent la perturbation dans les affaires, La plainte déposée entre les mains du ministre de la justice par M. Gaston Menier, a été transmise au procureur général. Le ministère du commerce avait été avisé de cette spéculation et avait informé le ministère de la justice, seul ayant qualité pour agir en la circonstance.
PORTE-ALLUMETTES
2 porte-allumettes
nickelés, glaçoides, avec frottoirs limes.
1 Porte-allumette en tôle lithographiée
à ressort charnière.
Vers
la fin de 1910, des appareils pyrogènes avec lesquels on se procure du
feu sans le concours d'allumettes chimiques, et que l'on appelle " briquets
" inondèrent le marché français. Né en Allemagne, sa propagation fut immédiate,
cet allumeur automatique conquit également : américains, anglais et russes.
Mais l'Etat, par l'intermédiaire de sa Régie qui détenait le monopole
de la fabrication des allumettes, y vit une concurrence directe. Le montant
des ventes d'allumettes qui s'élevait à 41.683.775 francs en 1910 passa
à 40.586.090 francs en 1911, soit une diminution de plus d'un million
de francs. Sur la proposition du député M. Klotz (qui deviendra Ministre),
une taxation est établie sur les allumeurs automatiques, allant de 2 à
40 francs, suivant les dimensions et la composition des briquets. Ces
mesures préventives étaient destinées à assurer le développement normal
de la vente des allumettes et à arrêter la diffusion des appareils pyrogènes.
Le nombre des appareils taxés en 1911 s'éleva à 386.889 et le produit
de l'impôt atteignit 825.809 francs ! Quoi qu'il en soit, il apparaissait
clairement que les produits fabriqués par la Régie étaient délaissés par
la population, l'engouement du public pour les 'briquets était réel et
que l'impôt sur ces appareils, lequel n'était exigible qu'une fois, ne
produisît pas l'effet escompté.
Mais l'administration ne s'arrête pas à cette sanction fiscale. Elle tint,
malgré tout, à ses allumettes que le briquet menaçait d'extinction, Elle
décida que les boîtes d'allumettes " bougies " seraient bientôt ornées
de gravures en taille douce représentant les immortels chefs-d'œuvre du
Louvre. D'autre initiatives du même genre virent le jour, des porte-allumettes
en tôle lithographiée, à ressorts charnières et des porte-allumettes nickelés
avec frottoirs limes furent adoptés par le chocolat Menier comme supports
publicitaires, aussi bien pour le marché américain qu'anglais.
MAILLARD, LE MENIER D'AMERIQUE
M. Louis GERARD et André TEISSIER, Directeurs des chocolats Lombart, ont fait part aux Menier de l'intention qu'aurait manifesté M. Maillard de New-York de vendre sa maison de commerce qu'il exploite à New-York. Ceux-ci ont proposé à Henri et Gaston Menier de constituer une Société pour l'acquisition et l'exploitation de la Maison MAILLARD. Maison New-Yorkaise de confiserie qui s'attachait les services de Français d'élite, l'une des plus considérable des Etats-Unis. Maillard avait su surpasser tous ses concurrents puissants et nombreux.
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Lettre
d'Henri Maillard, le 16 Novembre 1906 à MM. Tessier et Gérard
La demande verbale que vous m'avez adressée pendant mon séjour à Paris de vous faire savoir si je consentirai à vous donner une option pour l'achat de mon affaire commerciale, clientèle et raisons sociales aux États-Unis d'Amérique à un prix et à des conditions qui puissent aboutir à un plein accord, a été prise par moi en considération. Et en réponse, je vous dirai que bien que je sois encore fortement opposé à consentir une pareille option à quelqu'un, je veux bien, à cause de ma confiance personnelle en vous deux, vous accordez seulement à vous, cette option à des prix et conditions qui puissent être finalement agréés pour une période expirant le 1er février 1907, date à laquelle la vente doit être devenue effective et le contrat de vente et d'achat, ainsi que tous les autres documents nécessaires à la réalisation complète de cet achat, doivent être dûment passés à un prix comptant évalué à 400 000 $, non compris les loyers. Tous les contrats faits par moi pour l'achat de matières premières pour l'affaire et le bail prenant fin le 1er août 1908 : des magasins de la 5ème avenue, du loyer annuel de 40 000 $ payable par quarts ainsi que le loyer pour un an seulement de l'écurie située au 120 Ouest, 25ème rue, d'un loyer annuel de 1200 $, payable mensuellement, doivent être assumés par l'acheteur. (Extrait de la correspondance incluant convention et projet, Source: Saga Menier)