La lente disparition des sites web historiques,
ou quand la mémoire du web s’efface

Autrefois foisonnant, le web amateur et associatif se vide peu à peu de ses trésors. Sites d’histoire locale, pages dédiées au patrimoine, blogs de passionnés : depuis quelques années, ces espaces de mémoire disparaissent les uns après les autres. En cause, un ensemble de facteurs techniques, économiques et humains qui fragilisent ce pan souvent méconnu du patrimoine numérique. La première raison est technique. Créés il y a parfois plus de vingt ans, ces sites reposent sur des technologies aujourd’hui dépassées. Les hébergeurs modernes n’acceptent plus certains langages anciens, et les systèmes de gestion de contenu (CMS) d’époque ne sont plus mis à jour. Exemple notable : le service Orange des Pages Perso arrêté définitivement le 5 septembre 2023.
Sans compétences informatiques ni moyens financiers, de nombreux propriétaires préfèrent fermer plutôt que de rénover. Derrière ces sites, on trouve souvent des bénévoles : enseignants, chercheurs indépendants ou simples curieux d’histoire. Beaucoup vieillissent, et lorsqu’ils cessent leur activité ou disparaissent, leurs sites s’éteignent avec eux. Faute d’association ou d’institution pour reprendre le flambeau, le contenu se perd, souvent sans copie de sauvegarde.
Autre facteur : la transformation du web. Les années 2000 étaient celles de l’autonomie numérique ; les années 2020 sont celles de la centralisation. Aujourd’hui, la visibilité passe par Google, Facebook, YouTube ou Wikipédia. Les petits sites, non optimisés pour le référencement, sont relégués dans l’ombre. Dans un écosystème dominé par le modèle publicitaire, les initiatives sans but lucratif peinent à exister. Enfin, la question de l’archivage demeure cruciale.
Quand un nom de domaine expire ou qu’un serveur est fermé, le contenu disparaît presque instantanément. Des initiatives comme cellle de la (BnF) Bibliothèque nationale de France tentent de sauvegarder cette mémoire numérique, mais la tâche est immense. Des milliers de pages, parfois uniques, se sont déjà volatilisées.
Derrière ces disparitions se cache un enjeu culturel majeur : la perte d’une mémoire collective. Ces sites, souvent modestes, racontaient l’histoire d’un village, d’une époque, d’une passion. Leur disparition creuse un vide dans la transmission du savoir populaire. C'est dans se contexte que Saga Menier maintient sa presence et propose à tous un voyage historique dont les caracteristiques vous sont déclinées ci-dessous.

Un projet, une passion, un dévouement à long terme

Le Webmaster de Saga Menier n'est pas un simple administrateur de site web pour le compte d'une entité commerciale, mais un indépendant et un auteur dévoué à la préservation de l'héritage de la famille Menier et de son entreprise chocolatière. Son projet, intitulé "Saga Menier", se matérialise à la fois sous la forme d'un site web exhaustif et d'ouvrages imprimés. Cette initiative, dont les origines remontent à 2002, s'est imposée comme une source d'archives cruciale et non corporative, documentant en détail la transition de l'entreprise d'une droguerie pharmaceutique à un empire du chocolat, ainsi que son rôle pionnier dans l'urbanisme industriel et social. Le travail de l'auteur est d'autant plus significatif qu'il agit comme le gardien de cette histoire après l'extinction de la lignée Menier à la tête de l'entreprise.


Le projet "Saga Menier" est une ressource historique essentielle qui se distingue des archives officielles ou des publications corporatives par sa nature indépendante et son approche détaillée. Le site web et les ouvrages qui en découlent constituent un effort méticuleux pour compiler et présenter l'histoire de la dynastie Menier, de ses origines pharmaceutiques à son apogée industrielle et à son déclin final. L'examen de ces matériaux permet de comprendre le rôle de Jean-Antoine-Brutus Menier, l'acquisition du moulin de Noisiel, l'évolution architecturale, les politiques sociales d'Émile-Justin Menier, le lent mais inexorable déclin après la mort de Gaston et la fin de la présence de la famille à la tête de l'entreprise.


La trajectoire du projet "Saga Menier" révèle un engagement personnel considérable. Le projet a commencé de manière informelle, hébergé sur une page web personnelle du domaine pagesperso-orange.fr (service d'hébergement gratuit qui depuis a fermé ses portes). Le projet a vu le jour comme un hobby ou une passion pour l'histoire. Cette initiative a ensuite évolué pour devenir le site web dédié, saga-menier.fr, avec une identité de marque et un nom de domaine propre, suggérant une professionnalisation et une volonté de pérenniser la ressource. "Saga Menier existe depuis 2002, cette longévité témoigne d'une volonté soutenue par l'auteur de maintenir et d'enrichir sa documentation sur l'histoire de l'entreprise. Le passage d'un hébergement personnel à un nom de domaine spécialisé n'est pas anodin ; il marque une transition d'un simple centre d'intérêt à une entreprise historique sérieuse, ce qui distingue le travail de l'auteur de la plupart des projets éphémères en ligne.


Le projet "Saga Menier" ne se limite pas au web ; il a également pris la forme de livres imprimés. Publiés sur la plate-forme CoolLibri, qui est un service d'auto-édition, les ouvrages proposés sont une extension physique du projet numérique. Cette méthode de publication, combinée à l'absence d'une biographie détaillée de l'auteur sur les ouvrages, renforce l'image d'un passionné indépendant. Il s'agit d'une démarche qui diffère d'une publication d'entreprise ou d'un projet académique institutionnel. Le fait qu'un individu privé ait consacré le temps et les ressources nécessaires pour créer et publier deux ouvrages de cette ampleur, sans chercher une reconnaissance publique poussée, met en lumière un profond engagement envers le sujet plutôt que de la simple ambition commerciale. Son travail est une contribution personnelle éclairée au patrimoine, distincte de toute archive officielle de l'entreprise. L'auteur confirme son intention de proposer un travail de recherche sérieux et informatif, destiné à un public soucieux d'apprendre et de partager son travail avec un large public.


Le site web Saga-Menier fonctionne comme un dépôt numérique complet de l'histoire de Menier et de son entreprise. Son contenu est structuré pour documenter tous les aspects de la saga familiale, des figures clés de la famille aux sites historiques comme Noisiel, Chenonceau et Rentilly, en passant par des événements majeurs de l'histoire française tels que la Commune de 1871. Le site aborde également des thèmes plus spécifiques, comme l'évolution de la publicité et les affiches de Firmin Bouisset. L'approche est résolument multimédia. Le site ne se contente pas de texte, il intègre des éléments visuels et auditifs, comme une "réclame parlée de 1898 gravée sur cylindre Lioret". Cette attention aux détails sensoriels renforce la valeur archivistique du projet et offre une expérience historique enrichie, allant au-delà de la simple lecture. Par ailleurs, le site révèle l'étendue de l'influence sociale et politique de la famille Menier. L'influence de la famille s'étendait bien au-delà de leur empire industriel, les plaçant au cœur des cercles sociaux et politiques de l'époque.


L'auteur de Saga Menier est un archiviste passionné dont le travail représente une contribution significative à la préservation du patrimoine industriel et familial de la famille Menier. Son projet "Saga Menier", sous sa double forme de site web et de livres, sert de source indépendante et exhaustive pour l'histoire d'une entreprise et d'une dynastie qui ont façonné l'industrie et la société française du XIXe siècle. L'auteur espére que ces efforts individuels comblent les lacunes laissées par les archives officielles ou corporatives. Après le rachat de l'entreprise Menier, le travail de l'auteur constitue une ressource importante qui assure que l'histoire complexe et fascinante de la famille Menier et de ses innovations architecturales et sociales ne soit pas oubliée.


Parole de collectionneur

En tant que collectionneur j'ai la conviction profonde que je suis le seul à "vraiment" comprendre la valeur romanesque, politique et historique des menier au-delà des biographies officielles et des analyses universitaires. Je me se sent capable de déceler les intentions secrètes, les peines cachées, les véritables motivations derrière les actes publics. Cette "compréhension" est en réalité le fruit de la projection de ma propre sensibilité. La passion pour ces personnage puissants, célèbres et reconnus doit probablement servir à compenser un sentiment d'anonymat ou de manque de reconnaissance dans mon existence. En devenant à ma manière, et avec le temps, un spécialiste des Menier, j'acquiert par procuration une importance et une légitimité, une identification et une projection d'un idéal qui ne sont pas de simples admirations ; ce sont des processus psychologiques profonds et actifs qui façonnent mon identité et donnent un sens à ma quête. Je ne me contente pas d'amasser objets, livres et archives, je transforme ma collection en une quête existentielle passionnée et profondément personnelle.

Une digression salutaire

De visites en découvertes, les lectures studieuses des ouvrages de  Jean Dubuffet, Lucienne Peiry, Madeleine Lommel, Marianne Jakobi, Julien Dieudonné m’ont éclairé, enthousiasmé et convaincu que l’Art Brut était la manifestation créative de tout un chacun, aux univers fantastiques, énigmatiques, angéliques, spontanés sincères, bien supérieurs aux artistes issus des diverses académies étatiques seules capables de produire des artistes plus sensibles à leur valeur marchande qu’à leur art. L’Art Brut est la manifestation d’une urgence ontologique susceptible d’apporter équilibre et apaisement à celui ou celle dont le quotidien est devenu un enfer.

 


Adam-Nidzgorski